Halloween [David Gordon Green]

 

Critique Halloween David Gordon Green

 
Réalisation : David Gordon Green

Année : 2018

Pays : États-Unis

Casting : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak

Durée : 1h46

Note : 5/6 (MacReady)

 

Parmi toutes les franchises horrifiques on ne peut pas dire que la saga Halloween soit la plus brillante. Je garde énormément de sympathie pour certaines de ces suites aussi nases soient-elles, le 4ème et le 5ème opus notamment, mais faut avouer que c'est loin d'être la joie. Après un remake et sa suite tous deux dirigés par Rob Zombie respectivement en 2007 et 2009, la franchise retombe dans l'oubli et les différents projets pour la relancer se cassent la gueule les uns après les autres et sont tout bonnement annulés. Heureusement, et comme souvent, la lumière viendra de là où on l'attend le moins, ici David Gordon Green et Danny McBride - tous deux venant de la comédie et qui s'attaquent ici à leur première incursion dans l'horreur - qui signeront pourtant purement et simplement la meilleure suite à ce jour au chef-d'œuvre de Carpenter.

 

Critique Halloween David Gordon Green


L'histoire : Cela fait 40 ans que Laurie Strode a survécu à l'attaque de Michael Myers le soir d’Halloween. Enfermé dans une institution, Myers parvient à s'échapper lorsque son transfert en bus tourne terriblement mal.

Sur cette base simplissime et classique, auquel s'ajoute le choix judicieux de ne pas tenir compte de la longue série de séquelles dont est composée la franchise et inscrivant dés lors leur métrage comme la véritable suite au film originel, Green et McBride vont réussir à ramener le boogeyman en force par le soin indéniable de chaque éléments présentés. L'histoire dans un premier temps se montre particulièrement efficace. Le choix de présenter les conséquences de la nuit d’Halloween 78 à travers trois générations de femmes - la grand-mère, la mère, et la fille - permet de renforcer et de mesurer l'onde de choc des événements se répandant, véritables ondes concentriques du massacre, d'une manière ou d'une autre de génération en génération, tout en apportant une opposition de point de vue plus qu'intéressante. C'est bien vu. Les ressorts ne sont pas neufs évidement, il y avait déjà un peu de ça dans le pas nul mais tout mou Halloween 20 ans après de Steve Miner, mais ces ressorts étaient tellement grippés par l'enrobage neo-slasher des 90s et nous présentant une Laurie terrifiée et vivant dans la peur, foirant plus ou moins le retournement et l'affrontement qui s'en suit, que ça manquait pas mal de panache. Rien de ça ici, Mère-grand est prête et le Loup elle l'attend de pied ferme. 

 

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Car Laurie dans celui-là nous est présentée comme une incarnation, en devenir tout au long du film en tout cas, tout aussi mythologique que Myers. Par des citations simples au film de Carpenter - la petite-fille en classe qui regarde par la fenêtre et découvre sa grand-mère entrain de l'observer, là où Laurie en 78 découvrait Myers ; et enfin dans le final lors d'une scène renvoyant directement aux derniers instants du film de Carpenter - Laurie Strode quitte le réel, appartient au hors-champs, étant partout et nulle part à la fois, présence fantomatique pouvant surgir de tous les cotés. On est bien au-delà de la figure guerrière à la Sarah Connor - même si forcément on y pense. On est réellement dans la dissolution progressive du physique pour se diriger vers un concept abstrait, la femme devenant  dés lors l'égal de la figure du mal qu'elle combat. 

 

Critique Halloween David Gordon Green


Réussite et soin apporté également au niveau plastique. La photo est belle, le film a de la gueule et il est bien mené. Le rythme aussi est bien géré, évoluant parfois comme une sorte de force tranquille, tantôt contemplatif, presque onirique et planant - avec le super score de Carpenter (père et fils) revenant ici non pas seulement avec le titre honorifique de producteur exécutif, mais s'impliquant réellement dans le projet à travers la musique, se ré-attaquant à ses propres thèmes mythiques mais proposant également de nouveaux hyper efficaces (comme celui-là par exemple) -  et rythme tantôt rapide, sec, brutal, à l'image des meurtres violents qui parsèment le métrage. Et cette opposition de rythme et d'ambiance s'exprime également parfaitement dans la photo. Il y a une espèce d'opposition entre le classique, le léché (la scène de la découverte de l'évasion, avec la brume, la pleine lune, ces fous hagards déambulant dans le cadre) et le moderne (la scène des toilettes de la station service, à la texture crade, au découpage agressif et brutal) qui est à mon sens plus qu'efficace. Quant à Myers - The Shape - il est superbe.

 

Critique Halloween David Gordon Green


Imposante machine à tuer que rien n'arrête, super bien mis en valeur à la fois à l'image mais également dans le traitement. Excellente idée d'avoir zappé son lien de parenté avec Laurie Strode. Ici il n'est plus un frère psycho voulant assassiner sa sœur, il n'en redevient que plus mystérieux, encore plus abstrait, lui aussi. À travers quelques séquences il redevient cette figure du mal inarrêtable, étrange, sans émotion, sans que l'on puisse n'avoir ne serait-ce que le début de quoique ce soit de concret sur lequel s'accrocher pour le comprendre. Sa présence contamine le réel, à l'image de cette séquence d'ouverture où la seule présence du masque contribue à ce que tout parte en couille - et je ne parle même pas de son psy lui aussi littéralement contaminé. Le caractère fantastique de Myers s'exprime parfaitement. Il redevient le boogeyman, monstre caché dans le placard de la chambre, prêt à en bondir pour nous massacrer.

 

Critique Halloween David Gordon Green


Pour toutes ces raisons - et encore d'autres que je ne cite pas pour ne pas non plus en faire un roman et alourdir un article qu'il l'est déjà bien assez - le film de David Gordon Green vous l'aurez compris je le trouve super, bien pensé, bien fait, fun à mater. Et je suis plus qu'heureux qu'il ait méchamment cartonné (il a rapporté presque 256 millions de dollars dans le monde pour un budget estimé à 10 millions, devenant dés lors le ou l'un en tout cas des épisodes ayant le mieux fonctionné) à tel point que toute la team revient non pas pour une suite mais pour deux, faisant de ce relaunch une trilogie. Et au vu de la bande-annonce du deuxième segment intitulé Halloween Kills qui sort le 20 octobre chez nous (dans quelques jours donc) et avant le final qui sortira en 2022 Halloween Ends, autant vous dire que je suis hyper chaud. À voir si les promesses seront tenues, mais au vu de ce Halloween de 2018, je suis confiant. Verdict très prochainement.


-MacReady-

 

 Film cité dans l'article présent sur le blog :

- Halloween Kills

- Halloween Ends 

 

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