Réalisation : Ishiro Honda
Année : 1962
Pays : Japon
Casting : Tadao Takashima, Yû Fujiki, Kenji Sahara, Ichirô Arishima...
Durée : 1h37
Note : 4/6 (MacReady)
Si Mothra, comme nous l'avons vu dans un article précédent, rendait directement hommage à King Kong à travers la structure de son récit, la Toho n'en a pourtant pas fini avec le singe géant. L'hommage et la citation c'est bien, la baston c'est quand même plus parlant. Après sept ans d'absence depuis Le retour de Godzilla, notre lézard géant préféré revient donc enfin sur les écrans et pas pour cueillir des champignons, merci bien, mais pour se confronter à la légende première des bestioles maousses : au Roi des primates lui-même.
Alors le projet a une évolution et un parcours assez particulier. Suite à la ressortie de King Kong en 1952 et de son succès renouvelé, Willis O'Brien lui-même (le fameux animateur, pionnier des effets spéciaux et spécifiquement de l'animation image par image, et à qui nous devons les effets de King Kong) ressort un de ses concepts : King Kong vs Frankenstein. La base proposait de suivre un descendant du docteur Frankenstein créant un nouveau monstre composé de différentes parties d'animaux morts qui, faisons simple, finira par se fighter contre King Kong lui-même. Le projet passe de main en main, est modifié, fait le tour des studios et se fait recaler partout.
Recaler partout, sauf par la Toho qui accueille le projet avec enthousiasme - et qui déjà à mon avis fait bien péter le champagne. Parce que leur but n'est pas d'adapter le script, mais de récupérer les droits de Kong appartenant à la RKO pour développer leur propre projet : une confrontation contre Godzilla. Les négociations aboutissent, O'brien et son script sont totalement écartés du projet, et la production de Kingu Kongu tai Gojira est lancée. Tomoyuki Tanaka refait donc appel après Mothra au scénariste Shin'ichi Sekizawa pour développer cette rencontre au sommet, et l'équipe habituelle est mobilisée.
Recaler partout, sauf par la Toho qui accueille le projet avec enthousiasme - et qui déjà à mon avis fait bien péter le champagne. Parce que leur but n'est pas d'adapter le script, mais de récupérer les droits de Kong appartenant à la RKO pour développer leur propre projet : une confrontation contre Godzilla. Les négociations aboutissent, O'brien et son script sont totalement écartés du projet, et la production de Kingu Kongu tai Gojira est lancée. Tomoyuki Tanaka refait donc appel après Mothra au scénariste Shin'ichi Sekizawa pour développer cette rencontre au sommet, et l'équipe habituelle est mobilisée.
L'histoire : le directeur du département pub d'une compagnie pharmaceutique apprend par un scientifique l'existence d'un monstre géant sur l'île Faro. Il envoie deux de ses employés sur l'île pour enquêter avec pour but, si son existence est avérée, de le capturer et de l'utiliser pour promouvoir la dite compagnie. Entre temps, un sous-marin américain part investiguer sur une mystérieuse fonte des glaces et tombe sur un iceberg semblant irradier ; iceberg dont lequel Godzilla ne tarde pas à se libérer...
Le récit va donc s'orienter vers le gros divertissement grand public - encore plus que ne l'était Mothra - et adjoindre une touche de comédie principalement véhiculé par l'acteur Ichirô Arishima dans le rôle de Tako, le directeur du département publicitaire mentionné dans le résumé.
Le récit va donc s'orienter vers le gros divertissement grand public - encore plus que ne l'était Mothra - et adjoindre une touche de comédie principalement véhiculé par l'acteur Ichirô Arishima dans le rôle de Tako, le directeur du département publicitaire mentionné dans le résumé.
Alors que donne le résultat final ? Avouons-le le film est loin d'être le préféré des fans, et le projet - on a pu le voir avec la sortie du récent film ricain réalisé par Adam Wingard - est souvent aujourd'hui résumé par quelques gifs à la qualité dégueulasse s'attardant sur quelques phases du combat entre Kong et Godzi assez cheap et donnant l'impression que le tout est un immense nanar. Et franchement c'est injuste. Le film a de nombreuses qualités.
Déjà la structure même du film développant en parallèle le retour de Godzilla et l'exploration de l'île Faro permet de rythmer plus ou moins efficacement les premières parties et de proposer quelques péripéties assez sympas. Notamment sur l'île Faro avec l'attaque de nuit d'un village par un poulpe géant, dont la masse visqueuse, constamment mouvante et donc rendant la forme à la limite de l’indescriptible évoque presque - une fois encore après Rodan - les créatures Lovecraftiennes.
Déjà la structure même du film développant en parallèle le retour de Godzilla et l'exploration de l'île Faro permet de rythmer plus ou moins efficacement les premières parties et de proposer quelques péripéties assez sympas. Notamment sur l'île Faro avec l'attaque de nuit d'un village par un poulpe géant, dont la masse visqueuse, constamment mouvante et donc rendant la forme à la limite de l’indescriptible évoque presque - une fois encore après Rodan - les créatures Lovecraftiennes.
De plus il y a cette espèce de critique ironique, presque méta, du projet
lui-même par le traitement même du principe. Difficile de ne pas voir
dans le ridicule du personnage de Tako - voulant a tout prix que Kong
soit capturé et affronte Godzilla dans un seul but publicitaire je le
rappelle - une caricature de la télévision et de la publicité, mais
également de la Toho elle-même, puisque la volonté du personnage épouse
totalement la volonté du studio : capitaliser sur la présence de Kong et sa rencontre avec Godzilla pour booster les ventes. Et c'est plutôt efficace. Le film réussissant a
développer son idée de manière légère, faisant même sourire par la
lucidité qu'il expose.
Ensuite le film a du budget et ça se voit à l'écran - quand bien même le coût pour acquérir les droits d’utiliser Kong ont quand même bien impacté la note. À travers ses décors, à travers ses maquettes, toujours aussi belles et minutieuses dans les détails, et bien entendu par les différentes techniques de Eiji Tsuburaya - toujours au poste de directeur des effets spéciaux - proposant quelques plans qui claquent quand même à travers des images jouant efficacement sur le jeu des rapports d’échelle et à la composition parfois assez classe.
Ensuite le film a du budget et ça se voit à l'écran - quand bien même le coût pour acquérir les droits d’utiliser Kong ont quand même bien impacté la note. À travers ses décors, à travers ses maquettes, toujours aussi belles et minutieuses dans les détails, et bien entendu par les différentes techniques de Eiji Tsuburaya - toujours au poste de directeur des effets spéciaux - proposant quelques plans qui claquent quand même à travers des images jouant efficacement sur le jeu des rapports d’échelle et à la composition parfois assez classe.
Et puisque nous sommes dans l'évocation des qualités, comment ne pas parler encore une fois du score vraiment super d'Akira Ifukube, qui réussit à donner une dimension imposante aux images, à parfaitement illustrer la rencontre de ses deux légendes et à proposer des envolées tribales aussi envoutantes que puissantes
Maintenant le film n'est évidement pas parfait. Rien de plus difficile à illustrer qu'un mec dans un costume de singe. Tout de suite effectivement les limitations techniques se font sentir durement. Alors ok, on est en 62, faut rester lucide, on ne peut pas s'attendre non plus à une efficacité démentielle dans le rendu. Cela dit ça tranche quand même avec le reste. Surtout au niveau du visage et de ses expressions lui donnant parfois un air assez débile. Sa majesté des primates en prend un coup, on va pas se le cacher. Certains éléments du script aussi sont légèrement problématiques. La première rencontre entre Godzilla et Kong se fait presque de manière aléatoire. Je sais bien que le Japon n'a pas la taille de la Chine, mais quand même ça fait vraiment téléphoné cette manière qu'ils ont de tomber l'un sur l'autre. Ça peut pousser à faire lever un sourcil. Ça passe quand même, attention, pas besoin non plus de s'y attarder plus que de raison et ce n'est pas non plus vraiment dommageable. Mais bon.
Même chose concernant l'introduction d'une particularité de Kong directement issue du premier scénario incluant encore le monstre de Frankenstein à l'équation et qui n'a pas été modifiée. En effet celui-ci, telle une sorte de batterie poilue, semble se régénérer, voir devenir plus fort, une fois qu'il est mis en contact avec l’électricité. Particularité cohérente avec la nature du monstre inventé par la jeune Mary Shelley, puisque celui ci ressuscite et est donc intimement liée cette énergie, mais qui est peu déplacé concernant notre grognante Huitième Merveille du Monde. Alors entendons-nous bien, j'aime quand même l'idée. C'est peut-être nawak, mais c'est rigolo. Cela dit pareil, ça fait un peu random quoi, justifié par une ligne de dialogue rapide et permettant un peu facilement au singe de s'en sortir lorsqu'il est en difficulté - notamment lors du combat final où un éclair, véritable deus ex machina crépitante de la bagarre, vient frapper bien pratiquement le gros singe alors qu'il est quasi mort, le ressuscitant presque et lui donnant la patate nécessaire à coller une rouste à Godzi. Alors encore une fois pourquoi pas. Ça apporte ce petit coté un peu foufou à la japonaise. Comme dit j'aime bien. Mais pareil, ça crée une petite rupture au vu de l'ensemble.
Quant au combat final, ma foi il est assez généreux dans les différentes phases, n'est pas expédié, prend le temps de s'exprimer. Comme déjà dit, le costume de Kong est très limité, parfois Honda choisit un peu trop d'utiliser des plans très rapprochés ce qui à la fois est assez logique pour éviter de trop s'attarder sur ce qui n'est avant tout que deux mecs dans des costumes étouffants, à demi-aveugles, entrain de se faire des câlins, mais qui aussi empêche un peu parfois l'iconisation de ces deux colosses. Mais encore une fois, ça ne me dérange pas plus que ça personnellement, on sent clairement que tout le monde essaie de faire son maximum et de proposer quand même un rencontre assez marquante.
Donc voilà. Oui le film n'est pas parfait, l'humour fonctionne pas toujours et à notre époque peut même en déranger certains avec son coté colonialiste affiché sur l'île Faro (les indigènes - blackface inside - sont apprivoisés par l'offrande d'une radio portative et par des cigarettes distribuées à l'assemblé et même à un enfant de, je sais pas, 7 ans - donc voilà, contextualisons par rapport à l'époque, mais voilà). Oui également et encore une fois - et j'ai l'impression de le dire à chaque article, mais ça me semble important d'insister - il est limité. Mais même s'il peut effectivement faire sourire, de là à le traiter comme un vulgaire nanar je trouve ça à la fois assez simple et injuste tellement ça me semble complétement déconnecté par rapport à l'époque où il est réalisé et par rapport à ses limitations techniques intrinsèques, mais également par rapport à la tenue visuelle de l'ensemble. C'est pas le meilleur Godzilla, loin de là, mais on est aussi très très loin du pire. Et si on s'extrait de la franchise du Lézard Atomique et qu'on élargit la comparaison à certains autres kaiju-eiga de la même période, même les plus célèbres (fais pas genre, c'est à toi que je pense Gamera) c'est même plutôt réussi, faut pas déconner, et tu déconnes quand même beaucoup trop internet.
-MacReady-
Films cités dans l'article disponible sur le blog :
- Rodan
- Mothra
Juste pour chipoter, dans le village ce n'est pas un calamar mais un poulpe.
RépondreSupprimerLe calamar ça sera pour Space amoeba.😉
Ah yes, of course. Merci.
Supprimerhann Mac sait même pas reconnaitre la forme d'un kaiju 0_0
RépondreSupprimerOh moi tu sais.
SupprimerAu début je pensais que c'était John Goodman.
Donc bon.