Rodan [Ishirō Honda]

Avis Rodan

Réalisation : Ishiro Honda

Année : 1956

Pays : Japon

Casting : Kenji Sahara, Akihiko Hirata, Yumi Shirakawa

Durée : 1h22

Note : 5/6 (MacReady)



Des mineurs sont attaqués dans un chantier près du mont Aso. Des policiers envoyés les chercher sont retrouvés déchiquetés. Un des mineurs est retrouvé amnésique et en état de choc ; il déclare avoir vu un œuf géant éclore dans les mines. Quelque temps plus tard des avions sont détruits par un mystérieux objet volant...

Alors Rodan il a une petite place particulière pour moi parce que c'est un des premiers Kaiju-Eiga que j'ai vraiment vu et revu puisqu'il est sorti en VHS en france (et en vo sous-titré, s'il vous plait) au milieu des années 90 (à vu de pieds je dirais vers 94, 95 ou 96) édité par Canal+ au coté de Godzilla contre Mothra et de La Guerre des Monstres, et avec le Godzilla c'était mon préf. Pourquoi ? Parce qu'en 1995 (dirons-nous) j'ai 16 ans et je lis et j'aime énormément Lovecraft. (avant bien entendu de grandir et de me rendre compte que c'était, purement techniquement, un écrivain dramatiquement nul).

Et en effet, il y a un petit coté Lovecraftien avec ce film. L'idée qu'en certains endroits - ici sous terre - des monstres et des entités colossales et abjectes vivent cachées ou endormies. Ce coté traumatique, au bord de la folie, de la rencontre d'un humain avec une de ces entités où la psyché brisée par la vision se réfugie dans l'amnésie ; sans oublier, puisque l'on passe un certain temps dans une mine, le coté sale, étouffant, claustrophobique de l'endroit. Ces cadavres remontés régulièrement. Ce bruit bizarre, insectoïde, résonnant des kilomètres sous terre avant de voir les mineurs et les forces de l'ordre se faire attaquer par un assaillant invisible. Et ce jusqu'à la révélation en fanfare de l'émetteur de ce bruit... 


Avis Rodan

... les meganurons donc, sorte de larve chitineuse préhistorique aux pinces acérées. Tous ces éléments je peux vous dire que ça avait bien titillé (et régalé) l'ado fan de trucs horrifiques que j'étais. Mais le film bien sûr n'en reste pas là dans la proposition. Car on apprend que ces bestioles assez horribles et très agressives, déjà assez balaises, ne sont en fait que de la bouffe pour une horreur encore plus grande, encore plus monstrueuse. Et ça je trouve que c'est vraiment une idée excellente et participe à une construction de récit vraiment efficace. Planter un mystère, une menace dans toute la première partie du film, excessivement dangereuse, meurtrière, nous révéler enfin frontalement cette menace, pour ensuite la briser en quelques plans : car se ne sont que des moustiques face l'immensité colossale de la vraie star du film : Rodan. Le Kaiju volant supersonique. 
 
 
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(Rodan, mega star - déjà il a son propre film solo - et ensuite parfois ennemi, parfois allié de Godzilla, on le retrouve dans : Ghidorah, the Three-Headed Monster en 64, dans Invasion of Astro-Monster en 65, dans Destroy All Monsters en 68, petite réf/caméo dans Godzilla vs. Gigan en 72, pareil en 73 dans Godzilla vs Megalon, pareil en 75 dans Terror of Mechagodzilla, avant de reprendre une place plus importante dans Godzilla vs. Mechagodzilla II en 93, dans Godzilla : Final Wars en 2004 et récemment dans le film ricain de 2019 Godzilla King of Monsters)

Alors je vais pas m'attarder plus que ça sur la production - à part qu'il en ont grave chié : faut imaginer la complexité de porter le costume, son poids, des différents processus pour le faire voler ou planer, chaque erreurs ou maladresses niquant certaines maquettes et les obligeant à tout refaire, bref : compliqué. D'autant plus compliqué que Rodan est le premier film de monstres géants de la Toho en couleur et que forcément cela apporte également une définition plus précise rendant encore plus difficile la volonté de rendre le truc le maximum crédible. Et c'est totalement réussi à ce niveau, y a du budget, de la volonté, des choix de cadres rigoureux et un découpage aux petits oignons rendant la bête impressionnante et les scènes de destruction à l'imagerie évocatrice fleurant bon l'apocalypse.

 

Avis Rodan

 

Rodan, vous vous en doutez à ce stade, je le trouve super. Il y a un petit coté constat social dans la première partie sur les travailleurs miniers et leurs conditions de travail et toute cette montée horrifique comme je le disais est ma foi assez efficace. La deuxième partie du film - qui elle épousera de manière plus classique les codes du Kaiju-Eiga (affrontement, impuissance, destruction) - est assez bien menée aussi. D’autant plus que la couleur, comme dit, apporte évidement son lot de données supplémentaires à l'image et que l'on se rend compte peut-être encore mieux de la minutie et du sens du détail assez dingue apporté aux maquettes. Et d'ailleurs toutes les différentes péripéties incluant des effets spéciaux - effets toujours supervisés par Eiji Tsuburaya (déjà à l’œuvre dans le premier Godzilla et dans Le Retour de Godzilla) - sont vraiment chouettes si on aime le savoir faire et la débrouille des films de l'époque. La particularité aérienne de Rodan est également aussi assez bien exploitée (une cool séquence de poursuite et de combat aérien entre le kaiju et des avions de chasse) Reste peut-être parfois le ryhtme qui oscille un peu, mais perso rien de fondamentalement problématique.

Je recommande chaudement.

 

 -MacReady- 

 

 Films cités dans l'article disponible sur le blog :

 - Godzilla

- Le Retour de Godzilla

 - Ghidorah, The Three-Headed Monster

- Invasion Planète X

 

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