Réalisation : Ishirō Honda
Année : 1954
Pays : Japon
Casting : Akira Takarada, Momoko Kōchi, Takashi Shimura...
Durée : 1h37
Année : 1954
Pays : Japon
Casting : Akira Takarada, Momoko Kōchi, Takashi Shimura...
Durée : 1h37
Note : 6/6 (MacReady)
Godzilla, Gojira de son petit nom Japonais. Icône de la pop culture, fer de lance, symbole et premier représentant d'un genre qui s’épanouira à travers les décennies : le film de monstres géants Japonais, le Kaiju-Eiga. En préambule, il me semble nécessaire de recontextualiser un minimum, comprendre d'où il vient, ses influences, et de planter le décors. Alors nous ne remonterons pas non plus au choc mondial que fut le King Kong de Cooper et Schoedsack de 1933 - et qui ressortira en 52, peu de temps avant Godzilla donc, et refera un petit carton, relançant grandement l’intérêt pour le genre des grosses bestioles - mais on peut malgré tout s’arrêter 5 min dans les années 50.
Le monde (et j'entends par là surtout les États Unis) fait dans son froc. En 1949 les Russes réussissent à faire péter leur propre bombe à fission, ce qui ne nous le cachons pas, met un tout petit peu le seum et la pression aux Américains qui jusque là avait le monopole de l'Explosion Incroyable (ils retrouveront ce monopole bien bien plus tard à la prise de fonction de Michael Bay). Du coup les savants états-uniens turbinent et inventent la bombe à fusion (la bombe H) encore plus puissante et dévastatrice que la première. La course aux armements entre les deux super puissances, la menace d'un conflit nucléaire généralisé, mettent tout le monde très bien, la bonne ambiance ; ambiance propice aux artistes artistiques de cristalliser et exorciser ces angoisses plus que palpables dans le quotidien avec sensibilité et maturité en inventant les monstres géants plus ou moins radioactifs. (que Crom les bénisse)
Je vais pas vous en faire la liste exhaustive, mais y en a eu une chiée. Cela dit il y en a un qui nous intéressera plus particulièrement de par sa date de sortie et par rapport à son influence directe sur le Japon, c'est le Monstre des Temps Perdus (The Beast from 20,000 Fathoms) de Eugène Lourié (directeur artistique et chef décorateur français (hé oui) d'origine russe (ah) parti s'établir aux États-Unis (bon c'est le bordel) sorti en 1953. Alors autant l'avouer, tout le monde s'en bat les couilles d'Eugéne. Mais alors format géant. D'ailleurs, lorsque des années plus tard il s'occupera des décors (lol) de la série Kung-Fu, David Carradine lui dira : "Ta gueule Eugéne, on s'en bat les couilles, on bosse nous". Non, ce qui impressionne particulièrement et attire l'attention ce sont les effets spéciaux d'un petit gars de 33 ans à l'époque : Ray Harryhausen.
Le film - qui raconte le réveil à coup d'essai atomique dans la gueule d'un lézard géant emprisonné dans les glaces arctiques et qui partira foutre le bordel à New York - est un carton de ouf, sort partout dans le monde et comme dit impressionne. Le pays où l'on peut acheter des petites culottes de lycéennes ayant déjà été portées (mp pour les adresses) n'échappe pas à la règle. La Toho - immense maison de production Japonaise, ayant entre-autre financée Akira Kurosawa - sent le filon. Alors je vais pas rentrer dans les détails non plus, vous parler du producteur Tomoyuki Tanaka qui lance l'idée (sous le titre The Giant Monster from 20,000 Leagues Under The Sea dans la langue de Will Ferell, titre choisi visiblement histoire de pas trop se cacher d'en avoir rien à foutre de pomper pour faire du blé facile) et je ne vais pas non plus vous narrer tous les moments clés de la production et du développement. Disons simplement que la Toho rentre en mode "tching-tching", valide le projet et demande à l'un de ses employés (aujourd'hui de savants et intelligents internautes l’appelleraient sans doute en faisant la grimace et en se bouchant le nez : un yes-man) du nom de Ishirō Honda de peaufiner et de réaliser le projet. Honda lui aussi a été fortement impressionné par The Beast from 20,000 Fathoms et surtout comme tout le monde par les effets spéciaux de Harryhausen (pauvre Eugéne). Seulement par manque de pognon, de temps et surtout de capacités, de savoir faire purement
technique, l'idée de l'image par image sera abandonnée, il sera décidé de remplacer tout ça par un mec dans un costume parce que osef, un titre définitif est trouvé (mélange entre les mots gorilla et kujira, voulant dire baleine) et le projet Gojira est lancé.
Je vais pas vous en faire la liste exhaustive, mais y en a eu une chiée. Cela dit il y en a un qui nous intéressera plus particulièrement de par sa date de sortie et par rapport à son influence directe sur le Japon, c'est le Monstre des Temps Perdus (The Beast from 20,000 Fathoms) de Eugène Lourié (directeur artistique et chef décorateur français (hé oui) d'origine russe (ah) parti s'établir aux États-Unis (bon c'est le bordel) sorti en 1953. Alors autant l'avouer, tout le monde s'en bat les couilles d'Eugéne. Mais alors format géant. D'ailleurs, lorsque des années plus tard il s'occupera des décors (lol) de la série Kung-Fu, David Carradine lui dira : "Ta gueule Eugéne, on s'en bat les couilles, on bosse nous". Non, ce qui impressionne particulièrement et attire l'attention ce sont les effets spéciaux d'un petit gars de 33 ans à l'époque : Ray Harryhausen.
Le film - qui raconte le réveil à coup d'essai atomique dans la gueule d'un lézard géant emprisonné dans les glaces arctiques et qui partira foutre le bordel à New York - est un carton de ouf, sort partout dans le monde et comme dit impressionne. Le pays où l'on peut acheter des petites culottes de lycéennes ayant déjà été portées (mp pour les adresses) n'échappe pas à la règle. La Toho - immense maison de production Japonaise, ayant entre-autre financée Akira Kurosawa - sent le filon. Alors je vais pas rentrer dans les détails non plus, vous parler du producteur Tomoyuki Tanaka qui lance l'idée (sous le titre The Giant Monster from 20,000 Leagues Under The Sea dans la langue de Will Ferell, titre choisi visiblement histoire de pas trop se cacher d'en avoir rien à foutre de pomper pour faire du blé facile) et je ne vais pas non plus vous narrer tous les moments clés de la production et du développement. Disons simplement que la Toho rentre en mode "tching-tching", valide le projet et demande à l'un de ses employés (aujourd'hui de savants et intelligents internautes l’appelleraient sans doute en faisant la grimace et en se bouchant le nez : un yes-man) du nom de Ishirō Honda de peaufiner et de réaliser le projet. Honda lui aussi a été fortement impressionné par The Beast from 20,000 Fathoms et surtout comme tout le monde par les effets spéciaux de Harryhausen (pauvre Eugéne). Seulement par manque de pognon, de temps et surtout de capacités, de savoir faire purement
technique, l'idée de l'image par image sera abandonnée, il sera décidé de remplacer tout ça par un mec dans un costume parce que osef, un titre définitif est trouvé (mélange entre les mots gorilla et kujira, voulant dire baleine) et le projet Gojira est lancé.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire, elle est simple, tout le monde la connait. Par contre j'aimerais insister sur le fait que - oui ce film est un classique, un film important dans le monde et évidement plus particulièrement au Japon, à tel point que Godzilla en est devenu une sinon la figure de proue du pays dans le monde entier, un ambassadeur, (je pourrais descendre dans la rue et demander aux passants l'origine de Godzilla, j'ai très peu de chance qu'on me réponde l’Ile Maurice), oui il aborde des thématiques sérieuses, oui le film est emprunt d'une véritable gravité dans sa représentation de la destruction et dans les catastrophes présentées, on est pas là pour rigoler, Jet Jaguar c'est pour plus tard, et oui il est produit par un grand studio, tout ça est vrai. Cela dit - et c'est là où j'insiste - Gojira, c'est évidemment avant tout une vraie série B, un film de monstre horrifique, un film d'exploitation (dans le sens "surfons, exploitons un succès", pas dans le sens Godzilla se déguise en nonne nazi et part en Amazonie rencontrer des cannibales zombies qui le violeront et qui le laisseront pour mort, avant que, bien sûr, il ne se retape en s'entrainant au Kung-Fu avec un vieux maitre, qu'il retrouve ses agresseurs devenus dealers dans les rues sordides de New York, qu'il se laisse pousser une magnifique coupe afro et qu'il les punisse en les exécutant un par un). Le film élabore et disperse des thématiques riches et précises, il reflète parfaitement les idées et les valeurs de son réal. Mais comme répété il surfe avant toute chose sur le succès d'un genre émergeant basé sur des angoisses partagées par beaucoup de monde et exploitées par beaucoup de films.
Seulement la différence fondamentale, c'est que le Japon, si vous voulez, l'angoisse lointaine, potentielle, éventuelle, de se prendre une bombe atomique dans la gueule, ils en sont plus vraiment là. 9 ans avant le film - et 9 ans c'est rien du tout - ils s'en sont pris deux dans la gueule. Donc bon. Et bien sûr cet élément primordial infusera tout le film. Ici on est même plus du tout dans l'angoisse, mais dans la catharsis, dans l'exorcisme. Exorcisme d'un trauma fondamental qui a méchamment impacté, impacte encore et impactera la société Japonaise sans doute jusque la fin des temps. Et évidement ça se ressent à chaque plan. A travers l'ambiance dramatique du film, à travers les dialogues et les différentes problématiques. Bien sûr il y a la fameuse scène où Gojira-mon-amour détruit Tokyo et où l'on voit une mère au milieu des flammes et de la destruction prendre ses trois petit enfants dans les bras en pleurant et en leur disant : "fermez-les yeux, on va bientôt rejoindre papa au ciel".
Mais pas que. Ça se disperse et ça se répand tout le long du métrage. Posant même la question quant au positionnement moral de l'inventeur, du scientifique, à travers le personnage du Docteur Serizawa, inventeur de l'Oxygen Destroyer, arme terrifiante, la seule pouvant tuer Gojira, mais que le Doc refuse d'utiliser terrifié par les conséquences sur l'environnement et sur la possibilité que cette arme soit récupérée à des fins militaires. Alors encore une fois toutes ces thématiques ne sont pas nouvelles, uniques. Elles sont présentes à différents niveaux dans certains films ricains de l'époque. Mais comme dit, l'expérience Japonaise donne un poids assez considérable au ton du film et au caractère horrifique du métrage. Surtout que Gojira n'est pas juste un symbole de la menace nucléaire. Le Japon c'est aussi des tremblements de terre dévastateurs, des ouragans, des typhons, des tsunamis. L'impuissance face à des forces colossales, il connaissent. Et le Roi des Monstres incarnera parfaitement tous ces déchainements, toute cette destruction, toute cette puissance féroce et indomptable.
Maintenant pour finir, si je devais faire juste une petite critique rapide du film, je dirais que ça se suit toujours super bien. On est pas dans le classique chiant qu'on ose pas dire que c'est nul parce qu'il est considéré comme important. Il est évidement limité, il a bien entendu vieilli, mais il n'est jamais poussiéreux. Le film est rythmé, prenant. La multiplication des points de vue (du gouvernement qui veut le zigouiller au scientifique qui veut l'étudier, du héros intrépide et volontaire au savant torturé) donne une vue d'ensemble assez intéressante au développement progressif du récit et aux différentes réactions face à la menace. Et la menace - aussi caoutchouteuse qu'elle soit, on dépasse la simple déférence face à une icône de la pop culture (de la culture tout court d'ailleurs) - elle reste totalement efficace. Bref, un très bon film et un classique (et c'est pas toujours synonyme), riche, bien fait, avec une musique mythique d'Akira Ifukube, et avec en plus un gros monstre qui casse tout. Que demande le peuple.
- MacReady -
Disponible chez Metropolitan Filmexport
Impeccable, on peux avoir le même sur Shin Godzilla et Singular Point ?
RépondreSupprimerAlors déjà merci, et ensuite le projet/défi que je me suis lancé - après on verra, on est pas à l'abri d'un lâche abandon pour x raisons- c'est de faire des reviews du maximum de Kaiju-Eiga - les grands noms bien sûr, du Godzi, du Gamera, et d'autres moins connus - de toutes les périodes (Shōwa, Heisei, Millennium) dans l'ordre chronologique - bon si on veut toujours de moi ici, déjà.
SupprimerDonc la réponse à ta question c'est oui pour Shin Godzilla, mais vu le nombre de films et comme c'est le dernier, sans doute pas avant 2050. A peu prés hein. Bon je déconne mais ouais, ça va prendre du temps.
Pour Singular Point je sais pas trop. C'est une série anime, et je ne sais pas si on fait les séries ici - vu le nom du blog.
A voir avec les patrons, ce qu'ils diront.
Bah oui pourquoi pas!
RépondreSupprimerMoi je veux la même chose sur Cats la comédie musicale!