Année : 2021
Pays : États-Unis
Casting : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak
Durée : 1h45
Note : 5/6 (MacReady)
Deuxième opus de la trilogie Halloween, avec toujours aux manettes David Gordon Green et Danny McBride à la réal et au scénario, et toujours John Carpenter himself au poste de producteur exécutif et à la composition du score, Halloween Kills - déjà repoussé à cause de la pandémie - sort enfin en salle chez nous. Poursuivant leur volonté initiale de redonner ses lettres de noblesse à la franchise et de s'attaquer aux conséquences des événements survenus en 1978, cette suite va à la fois épouser les intentions affichées en 2018 tout en les poussant à l'extrême, que cela soit graphiquement ou conceptuellement. Peut-être moins subtil que le premier mais tout aussi enthousiasmant, le film dégage une vénéritude particulièrement savoureuse.
L'histoire : Quelques minutes après que Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite fille Allyson ont abandonné le monstrueux Michael Myers enfermé et en feu dans le sous-sol, Laurie se retrouve à l'hôpital avec des lésions mortelles, pensant avoir finalement tué son bourreau de toujours.
Si le premier volet s'intéressait, comme je le disais dans l'article lui étant consacré, à l'onde de choc des événements survenus en 78 se répandant sur plusieurs générations de Strode, dans ce deuxième film Green et McBride vont décider d'élargir encore plus les ondes concentriques du trauma, non pas à une famille, mais à la ville entière d'Haddonfield. À travers les personnages des autres survivants du massacre - notamment Tommy Doyle (Anthony Michael Hall) et Lyndsey Walace (Kyle Richards reprenant son rôle de 78), les deux enfants que gardait Laurie dans le film de Carpenter - le duo nous expose une ville irrémédiablement impactée, coincée dans la perpétuelle évocation, dans la mémoire parasitée, rayée, incapable de digérer, d'aller de l'avant, ressassant inlassablement l'horreur à laquelle elle a été confrontée. Et face au retour de Myers, cette ville plongera elle aussi dans la folie dans une tentative de reprendre les choses en main et de se libérer enfin de son passé sanglant.
Comme je le disais également, dans le premier film Myers semblait contaminer le réel. Entrainant plus que la mort dans son sillage, mais la folie, le chaos. Ici c'est toute une ville qu'il va contaminer, qu'il a déjà contaminé. Et l'idée est plus que bienvenue. Elle poursuit non seulement ce qui a été introduit dans le premier film de 2018, elle propose ainsi un développement à la fois intéressant et logique des éléments présents dans le premier, mais va proposer ce que l'on ne voit quasiment jamais dans un slasher, ou en tout cas rarement : des groupes s'organiser pour traquer le tueur. Je n'apprends rien à personne mais dans le genre on se retrouve traditionnellement face à la configuration d'un tueur caché dans l'ombre massacrant un par un le cast et/ou voir les gens s'organiser intelligemment face à la menace en groupe de un. Ici c'est quasiment toujours l'inverse. Michael se retrouve systématiquement face à des couples, des groupes, de nombreux opposants. Et comme il a bien la haine, ça va être l'hécatombe.
On pouvait déjà lire dans certaines critiques du film de 2018 que The Shape était devenu un poil trop brutasse - une critique revenant déjà périodiquement dans la saga - que le gore ne rendait pas hommage au film assez pauvre en hémoglobine de Carpenter, et que Myers pouvait plus faire penser à un Jason Voorheese qu'à ce qu'il était jusque là, que ça l'amoindrissait. Attendez de voir cette suite. Même Jason est plutôt petit bras en comparaison. Les meurtres s'enchainent et l'équarrissage fait mal. Personnellement, bien loin de me déranger, la violence et le caractère impitoyable de The Shape m'a plus que régalé. Sa silhouette, son masque sans expression, contrastant plus que jamais face aux sévices, face aux visages déformés par la peur et la douleur de ses victimes. Son aura glaciale, surnaturelle, en est décuplée. Il n'est plus un simple tueur, caché dans l'ombre, prêt à bondir, il avance presque à découvert, inarrêtable. Car ici l'histoire le transcende. Il n'est plus un simple antagoniste il est le centre lui-même des enjeux, vers qui tout converge, donnant naissance à toutes les storylines (les traumas des personnages, de la ville) et devenant leur aboutissement, leur but. L'alpha et l’oméga. Ce n'est plus un homme, ce n'est même plus vraiment le boogeyman, il devenu plus que ça : par sa simple présence déformante et par l'impact de ses actes, de sa violence, il est devenu la ville elle-même, son reflet - un motif récurent et important dans le film. Dés lors les habitants ne peuvent plus lui échapper, ne peuvent plus l’arrêter. Plus que jamais il est ici au-delà du physique et exprime tout son caractère abstrait, hors réalité, invincible.
La volonté d’exposer ainsi et aussi frontalement cette brutalité, le rapport avec la ville, ce reflet, mettent donc en exergue à la fois la nature fantastique du tueur, mais également les réactions des habitants d'Haddonfield. Comme dit contaminant, déformant, exacerbant chez tous les personnages le regret, le désir de vengeance, la rage, l'hystérie, la violence. Le sang appelant le sang. Si l'ambiance du premier film oscillait entre le quasi-contemplatif et le brutal, ce second segment tombe dans la deuxième catégorie. Pour la ville d'Haddonfield, comme pour la trilogie, c'est le point de bascule, avec The Shape en son centre, le point de gravité où tout se concentre, où tout converge, où tout se déforme. Toujours plus balaise et encore plus violent et méchant qu'il ne l'était, le caractère graphique du film illustre et rentre en résonance parfaite avec son propos. Et comme je le disais dans le paragraphe précédent, le caractère surnaturel de Michael Myers, d'autant plus souligné par un dialogue vers la fin du film et par les derniers instants du métrage, n'en est qu'encore plus sublimé - un final juste mortel soit dit en passant.
Bien sûr tous ces éléments - s'intéresser au trauma et à la réaction d'une ville plutôt qu'à une famille ; le caractère bourrin, frontal (à tous les niveaux) de l'ensemble - entrainent quelques petites scories, des fausses notes et des maladresses. Ses intentions bigger & louder entamant un peu la subtilité et l'équilibre présents dans la premier volet, et la multiplication des personnages impactant parfois le rythme. Néanmoins, rien de foncièrement problématique, et impossible pour moi de bouder mon plaisir face à cette suite dont les qualités à la fois de développement et plastique m'ont foutu une banane pas possible. Le film est fun, enthousiasmant et on oublie vite les défauts. Et lorsque l'on sait que la conclusion de la saga s'exprimera d'une manière, logiquement au vu du final, plus intime - comme l'a annoncé Green - cette suite s'impose comme un deuxième segment de trilogie efficace et cohérent dans sa construction chapitrée. Après la réintroduction et le retour du boogeyman, et avant la conclusion : le plein focus sur le personnage, sur ce qu'il représente et provoque. Le chaos.
Halloween Kills réussit donc le pari de poursuivre de manière hyper enthousiasmante ce retour en force de l'une des figures mythiques du cinéma d'horreur. Il creuse les éléments introduits dans le premier volet de 2018 de manière assez habile, continue sa volonté de présenter un Myers encore plus abstrait, encore plus hors réalité qu'il ne l'a jamais été. Devenant le centre même des enjeux du film, le centre où toute la ville, tous les personnages se focalisent, se construisent, se détruisent. Et comme en plus de ce traitement vraiment super, le film se montre hyper fun, bourrin, violent, toujours aussi classe visuellement et particulièrement efficace, une seule chose, une seule phrase s'illumine en néon rouge dans mon esprit : putain, vivement l'année prochaine pour la sortie de Halloween Ends !
-MacReady-
Film cité dans l'article présent sur le blog :
Perso j'aurais plus mis "un film qui rate tout ce qu'il entreprend". Involontairement drôle, rien ne fonctionne, ni les perso, ni les situations, ni les dialogues.
RépondreSupprimerle seul film de la saga a réussir a faire de l'ombre a Halloween 8 mais en étant terriblement drôle.
Halloween 8, ah ouais quand même.... Non là tu déconnes. Ne serait-ce que plastiquement, le cast, le soin apporté à la photo... ouais non là tu déconnes. Ou tu n'as pas revu Halloween 8 depuis longtemps.
SupprimerBon j'ai regardé de nouveau le précédent avec l'idée que j'avais peu etre raté des moment qui me ferait passé le film pour une oeuvre meilleur, mais non.
SupprimerC'est plus le contraire qui c'est passé.
Je reste sur mon avis, c'est extrêmement mauvais, rien n'est sauvable dans ce naufrage(la photo oui et quelques morceaux et encore je suis pas convaincu).
La réalisation est plusieurs ton en dessous, les meurtres sont plus gore mais moins subtiles, le choix des victimes....y a t'il un message politique ? Pareil pour la critique de la foule ou de l'usage des armes ? perso je dirait oui
Jamie lee Curtis ne sert a rien, l'histoire du faux Myers est ridicule...ect la liste est vraiment très longue.
Un épisode transitoire qui meuble, se plante, enchaine le médiocre .
Reste deux réactions possible sois on le déteste, sois on en rigole.
Soit on le trouve moyen, soit on le trouve bien, ou soit on le trouve super, comme moi.
Supprimer(le monde est foufou)