Réalisation : Fabrice Du Welz
Année : 2024
Pays : Belgique
Casting : Anthony Bajon, Sergi López, Alba Gaïa Bellugi, Alexis Manenti,...
Durée : 2h33
Note : 5/6 (Dahlia)
Belgique 1995, deux fillettes viennent de disparaitre, cataclysme médiatique tout le pays est en émoi. Le jeune gendarme Paul Chartier va rejoindre une opération non officielle, l'opération Maldoror, qui consiste à mettre sous surveillance un suspect récidiviste...
Inspiré librement de l'affaire Marc Dutroux, dont Joeri Vlekken a réalisé une mini série documentaire en 2021, Innommable: L'Affaire Dutroux sur cette incroyable enquête (lien du retour en bas de page).
Librement inspiré car le personnage campé par Anthony Bajon est fictif, mais tout ce qui a attrait à l'enquête bâclée par la police, les gendarmes, dans les moindres détails est vrai. L'exemple le plus probant et rageant de cette histoire: lorsqu'un gendarme se retrouve dans la cave de Dutroux et entend des voix, voix des deux premières victimes avant qu'elles ne meurent....Le réalisateur ici, joue brillamment sur le suspens, le tragique, l'horreur des événements. Il propose un thriller tendu et glauque, dont l'apparente banalité de la photo, épouse la banalité (malheureusement) de ce genre d'affaires horribles, soulignant par là le caractère le plus atroce de ce genre de faits divers : car celui-ci est terriblement représentatif, mais à la fois, si on suit un peu même de loin ce genre de cas, dramatiquement commun par le nombre.
Un casting cinq étoiles avec quelques têtes familières de chez Fabrice DuWelz, Jackie Berroyer, Laurent Lucas, (tous les deux dans l'excellentissime Calvaire de 2004), Alba Gaïa Bellugi, Mélanie Doutey, avec un petit clin d'œil à Benoît Poelvoorde (bonjour le multivers, ces trois derniers dans Inexorable, 2021), Béatrice Dalle qui est également à l'affiche de son documentaire sur le cinéaste et poète italien Pier Paolo Pasolini. Mais aussi un petit passage de Felix Maritaud (je ne le répéterai jamais assez, il n'a pas la carrière qu'il mérite après Sauvage de Camille Vidal-Naquet), Sergi Lopez, le très bon Alexis Manenti (Dimitriou dans les Kourtrajmé) ou dans le trio de policiers dans Les Misérables de Ladj Ly. Et l'excellent, comme à son habitude mais ici, crève bien l'écran, Anthony Bajon (Les Chiens de la casse, Teddy..).
La quête viscérale de vérité d'un homme envers et contre tous. Jusqu'où nous serions prêt à aller pour sauver autrui quand le système est plus que défaillant, nous abandonne voire nous enterre...
Car c'est là le réel sujet de Maldoror, le réalisateur a choisi cette affaire innommable qui a complètement bouleversé son pays (et le nôtre), mais en ajoutant le personnage d'Antony Bajon, Paul Chartier, qui va mettre en péril tout ce qu'il a construit et se heurter à sa plus grande désillusion.
Présenté au Festival Européen du Film Fantastique (FEFFS) dans la catégorie : Compétition Crossovers, Fabrice Du Welz n'a plus rien à prouvé et ce depuis son premier film Calvaire, un petit chef d'oeuvre ambiance Délivrance, et jusque son excellent thriller Inexorable avec sa passion pour l'amour toxique. Mais il réussi pourtant encore à nous surprendre. Maldoror deux heures et demi aussi éprouvante que la réalité. Sur une durée de 2h30, forcément le rythme oscille. Mais on s'ennuie jamais tellement Du Welz creuse son sujet hyper efficacement, et même si la tension retombe, elle est toujours présente, sourde. Un petit bijou abouti et douloureux.
-Dahlia-
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