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Que ma volonté soit faite / Her Will Be Done [Julia Kowalski]



Réalisation : Julia Kowalski

Année : 2025

Pays :  France/Pologne

Casting : Roxane Mesquida, Maria Wrobel, Wojciech Skibinski, Jean-Baptiste Durand,...

Durée : 1h35

Note : 5/6 (Dahlia)
                 

Nawojka, une jeune femme rêve de devenir vétérinaire et échapper à sa vie dans la ferme familiale à s'occuper du bétail, de ses frères et de son père. Mais Nawojka n’est pas seule : un don mystérieux, hérité de sa mère, sommeille en elle et ne demande qu’à s’éveiller. 
 
 
Avis Que ma volonté soit faite de Julia Kowalski

 
Présenté au Festival européen du film fantastique de Strasbourg (FEFFS) dans la catégorie Compétition internationale de films fantastiques, Julia Kowalski signe avec Que ma volonté soit faite son deuxième long métrage, dont elle assure à la fois la réalisation et le scénario. Coproduit par Yann Gonzalez (Un couteau dans le coeur), le film s’installe dans une campagne française profonde, poisseuse, presque hors du temps, où la boue n’est pas seulement un décor mais une véritable matière qui colle à la peau du spectateur. Rarement elle aura été autant utilisée à l’écran, au point de donner la sensation d’en être imprégné.

Au cœur de cet environnement, la réalisatrice réinvente la figure de la sorcière, mais à la sauce d’aujourd’hui. Et face à elle, des rednecks crasseux, violents, caricatures d’un monde rural saturé de virilité brutale. L’ambiance est clairement masculine, dominée par des figures d’hommes hostiles, archaïques, qui réagissent comme au Moyen Âge, nous ramenant à la chasse aux sorcières, à la chasse aux femmes qui ne leur conviennent pas. Ce contraste entre la puissance féminine naissante et cet univers de testostérone mal dégrossie donne au film une tension permanente.

Julia Kowalski installe son ambiance avec une patience assumée : lente, hypnotique, parfois un peu longuette sur la fin, mais surtout captivante. Elle maîtrise à merveille la montée du malaise, glissant régulièrement quelques séquences ultra glauques, viscérales, qui retournent presque le bide. Ce mélange de réalisme cru et de fantastique trouble fait toute la force du film.

Le casting participe grandement à cette réussite : sobre, précis, choisi avec soin, il se fond parfaitement dans le décor. On retrouve notamment Roxane Mesquida, dont les choix de carrière l’ont toujours menée vers des cinéastes singuliers (Gregg Araki, Philippe Grandrieux, Quentin Dupieux…) et qui s’impose ici encore dans un rôle fascinant. L’héroïne, Maria Wrobel, déjà complice de la réalisatrice sur de précédents projets, trouve quant à elle un rôle à la mesure de l'intensité de ses expressions, de son regard.
 
 
Avis Que ma volonté soit faite de Julia Kowalski

 
La réalisatrice elle-même revendique l’influence de Chiens de paille de Sam Peckinpah et cela se ressent jusque dans les silences tendus, la violence contenue, la peur qui monte. Que ma volonté soit faite est une œuvre forte, dérangeante, inattendue : Julia Kowalski s’impose comme une voix singulière du cinéma de genre français. À surveiller de très près.

-Dahlia-

 

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