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Varan, le monstre géant [Ishirō Honda]

Film Varan le monstre géant Avis Critique

 Réalisation : Ishirō Honda

Année : 1958

Pays : Japon

Casting : Kôzô Nomura, Ayumi Sonoda, Koreya Senda

Durée : 1h27

Note : 1/6 (MacReady)

 
Magnifique titre français (le premier qui me sort un truc genre Sylvie Varan, je préviens quand même qu'il a de fortes chances de s'en manger une petite derrière la nuque) - titre pourtant traduit plus ou moins fidèlement - pour le assez méconnu Daikaijū Baran (ou encore Varan the Unbelievable chez nos amis anglo-saxons qui sortira quelques années plus tard chez eux : en 62). Assez méconnu disais-je, on va voir pourquoi.

Des scientifiques partent dans une région éloignée à la chasse aux papillons (littéralement) et se font tuer. Un collègue et la sœur de l'un d'entre eux retournent sur les lieux pour enquêter et tombent sur des villageois ma foi plutôt vénères leur demandant de quitter les lieux et surtout - surtout ! - de pas s'approcher du lac salé sous peine de réveiller leur dieu : Baradagi. Spoiler : oui bon il va se réveiller. Bah oui vous allez me dire, sinon y aurait pas de film. Certes répondrais-je, mais pour une fois ça aurait pas été plus mal.

 

Film Varan le monstre géant Avis Critique


Oui parce qu'autant le dire directement, je vais pas faire des ronds de jambe et entretenir un suspens inutile (et absurde vu que la note est déjà en haut) : c'est nul. Mais alors vraiment. Et surtout, c'est assez moche. Enfin moche, disons plutôt assez pauvre et assez cheap, même pour l'époque. Et ça m'a toujours beaucoup interrogé. Je veux dire, c'est la team habituelle, il y a la Toho qui a du blé, Tomoyuki Tanaka à la prod, Eiji Tsuburaya aux effets spéciaux, Akira Ifukube à la zic et Ishiro Honda à la réal. Et ce Varan dénote mais alors méchamment - ne serait-ce que visuellement - par rapport à Rodan en 56 et Mothra en 61 (sans même parler des films hors kaiju comme The Mysterians, ou Prisonnière des Martiens chez nous, toujours de Honda sorti un an avant en 57). 

Quoiqu'on en pense, quelle que soit la sensibilité que l'on peut avoir à la fois pour le genre ou plus généralement pour la science-fiction un peu kitch de l'époque, ces films étaient quand même assez soignés, voir quand même assez classes pour l’œil. Alors pourquoi revenir au noir et blanc ? Qu'est-ce que ce "filmé en Toho Pan Scope" ouvrant le film et même présent sur l'affiche ? (d'ailleurs notez sur l'affiche comment ils ont essayé de camoufler avec subtilité le "pan", ces petits tarba) Où est passé - putain ! - le super classe Toho Scope (le 2:35 de la Toho) utilisé pour la Prisonnière des Martiens ?

Alors les réponses sont simples et se trouvent dans Kaiju envahisseurs et apocalypse, merci à eux (je vous ai déjà parlé de ce livre ? Bon. Achetez-le) : les Ricains. Toujours dans les sales coups eux. En vrai à la base, ce projet devait être une coprod entre la Toho et American Broadcasting-Paramount Theatres (AB-PT Production pour les intimes - et qui deviendra plus tard en 1986 ABC Television) et devait proposer le premier kaiju entièrement destiné pour la télé. L'intrigue devait se découper en 3 épisodes, et la régression visuelle devient dés lors assez logique : il faut s'adapter au format des télévisions de l'époque, donc tourner en noir et blanc et en 1:33. Seulement pas de bol, alors que les Japonais sont en plein tournage, AB-PT Production se rétracte - faisons simple - et laisse les Japonais mais alors comme des cons. Les 3 épisodes sont mixés en une seule histoire, la Toho converti le 1:33 en 2:35 (le fameux Toho Pan Scope - dégueulasse, si je peux me permettre) et le film sort au ciné.

Ils ont donc des circonstances atténuantes, mais ça n'empêche que c'est mauvais. Visuellement donc c'est très pauvre comme déjà dit et niveau péripéties vraiment pas ouf. Le design du monstre, même si fondamentalement pas mauvais en soi dans sa conception est très mal mis en valeur, et l'aspect volant de la bête, comme on le voit sur l'affiche, oubliez : juste un court passage de quelques secondes et basta. 


Film Varan le monstre géant Avis Critique
 

Bon. Il y a des trucs que j'aime bien quand même : déjà l'idée de faire de Varan une figure mythologique, une sorte de dieu, en tout cas pour les villageois, et cela 3 ans avant Mothra et 8 ans avant le Daimajin de la Daiei (un studio concurrent à la Toho - on en reparlera dans de futurs articles). Bien sûr l'idée n'est pas neuve. Au japon comme à l’international. Dés le King Kong de 33 c'est présent. Et dans le premier Godzilla de 1954 l'idée est également lancée lors des premières minutes du film par un vieux pécheur nous présentant Gojira comme une entité mythologique vengeresse. Pareil dans le King Kong vs. Godzilla de 62, forcément, où les indigènes de l'île Faro considèrent Kong comme un dieu. Bref, l'idée est loin d'être nouvelle, mais je l'aime bien. 

Ensuite il y a une séquence assez intéressante dans son concept plus que dans sa mise en image, malheureusement, mais qui fonctionne plus ou moins : une séquence montrant Varan traversant le pacifique en détruisant avions et navires, jouant à cache-cache en se planquant sous l'eau, attendant son heure, avant de ressortir comme un diable à ressort pour latter du militaire. Un passage intéressant, semi sous-marin. C'est pas trop trop mal. Même si comme le reste : terriblement pauvre.

 

Film Varan le mosntre géant Avis Critique

Donc voilà, l’ensemble est assez nul. Indépendamment et encore plus lorsqu'on se met à le comparer avec les films précédents de l'équipe. Ça pique. Mais pas grave on oublie, ils se rattraperont 3 ans plus tard en nous présentant pour la première fois sans doute l'un des kaiju les plus populaires avec Godzilla : une certaine phalène géante du nom de Mothra.


-MacReady-

 

 

 Films cités dans l'article disponible sur le blog :

- Godzilla

- Rodan

- Mothra  

 

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