Réalisation : Mareike Engelhardt
Année : 2024
Pays : France/Allemagne/Belgique
Casting : Lubna Azabal, Megan Northam, Natacha Krief, Andranic Manet,...
Durée : 1h34
Note : 4,5/6 (Dahlia)
Jessica, française de 19 ans et son amie Laïla décident de rejoindre Daesh en Syrie, en particulier une mafada, une maison de futures épouses pour les combattants.
Après Rebel de Adil El Arbi & Bilall Fallah (2022), un petit coup de coeur que j'ai découvert en début d'année, un film sur deux frères et la "répercussion" que Daesh a sur leur vie, Rabia, utilise un point de vue que l'on a pas l'habitude de voir sur un tel sujet, le point de vue de la femme endoctrinée.
Mareike Engelhardt pour son premier long métrage s'inspire de Fatiha Mejjati dite La Veuve noire, une marocaine radicalisée et cupide qui était à la tête de plusieurs mafadas : Maison/prison où les jeunes filles lobotomisées souvent de l'occident viennent faire le djihad y logent afin d'être prêtes pour devenir la récompense de ces barbares. Ces derniers paient la cheffe des lieux une fois qu'une fille est choisie.
Rabia nous présente le portrait d'une jeune femme qui les représente toutes, on sait que la cible préférée des prédateurs, peu importe la doctrine concernée, il faut qu'elle soit affaiblie, blessée, malheureuse, lui faire croire alors que dans cette nouvelle vie, elle aura un rôle est nettement plus facile..
Ces cibles qui n'ont d'ordinaire même pas baigné dans cette religion (peu importe laquelle) de par leur foyer familial.
Ici, comme le dit la réalisatrice Daesh est un prétexte, et raconte lors d'une interview que ses grands parents pas encore majeures avaient rejoint la jeunesse hitlérienne.
Un huis-clos terrifiant, l'unique question pendant tout le film est de savoir quelle sera la prochaine horreur que va subir ou faire subir notre héroïne. Cela m'a même fait penser à l'affaire Jeffrey Epstein, avec ces filles prises dans cette terrible machination qui ne réalisent même pas l'effroyabilité de se retrouver bourreaux à leur tour et de former d'autres jeunes femmes à être victimes comme elles l'ont été, comme elles le sont.
La photo est sobre, pas d'artifices pour souligner l'horreur, toutes les scènes d'intérieur ont été tournées dans un studio en Dordogne et les scènes d'extérieur, sur le toit et la fin en Jordanie.
Un des points forts du film est également son casting, la Veuve noire est interprétée par l'excellente Lubna Azabal (qui joue la maman dans Rebel cité plus haut, Pour la France ou encore dernièrement dans Maldoror de Fabrice DuWelz qui sortira sur nos écrans en Janvier), qui incarne parfaitement ce personnage qui a mis son intelligence au service d'un dessein atroce et abject. Megan Northam (Notre Dame : la part du feu, Pendant ce temps sur Terre,...) et Natacha Krief (La nuit se traîne, Les invisibles,...) s'en sortent de même aussi très bien dans les rôles de Jessica et Laïla, ces brebis perdues dans cette désillusion infernale.
Mareike Engelhardt confirme lors d'une interview sa volonté d'édulcorer son récit, ses images pour le confort du spectateur, chose que l'on ressent en effet, et qui m'a personnellement empêché de me laisser envahir pleinement pendant le film. Néanmoins, tout comme Rebel, Rabia fait partie des projets nécessaires, tel un outil de prévention. Ultra documenté, une rescapée de ces mafadas a même participé au tournage pour rendre au plus juste la "vie" qui y régnait. Une réalisatrice à suivre qui frappe fort pour son premier long métrage.
Très intéressant. 🙂
RépondreSupprimerShog.