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Année : 2015
Pays : Canada, États-Unis
Casting : Kiernan Shipka, Lucy Boynton, Emma Roberts
Durée : 1h33
Note : 4/6 (MacReady)
Osgood "Oz" Perkins – fils d’Anthony Perkins (Psychose, quand même, pour les deux du fond) – presque dix ans avant le carton Longlegs, nous livre ici un premier film aussi froid (dans tous les sens du terme) qu'étrange, angoissant, sensible et intime. February (aussi connu sous le nom de The Blackcoat’s Daughter), sorti en 2015, nous plonge dans une atmosphère désincarnée, où le sentiment d'abandon et de solitude, d'absence de chaleur, devient peu à peu assez oppressant, bien loin des clichés de l’horreur facile. On sent que Perkins, avec sa double casquette de scénariste et réalisateur, préfère l’horreur psychologique, et c’est clair dès le départ : ici, tout est une question d’ambiance et d’un mal insidieux qui s’infiltre petit à petit. Pas forcément mon truc, mais indéniablement réussi dans ce qu'il tente. On va essayer d'y voir plus clair, et sans spoiler.
L’histoire : Parce qu'étrangement leurs parents ne sont pas venus les chercher pour les vacances d'hiver, Kat (Kiernan Shipka – vue entre autres dans la série Mad Men et plus récemment dans Twisters) et Rose (Lucy Boynton – elle dans le biopic de Queen, Bohemian Rhapsody) sont retenues dans la prestigieuse institution pour jeunes filles où elles suivent leurs études. Pendant ce temps, Joan (Emma Roberts, vue dans American Horror Story) fait un mystérieux voyage en direction de cette même école.
Un pitch basique, pour un récit et une narration morcelée découpée en chapitre, mais où déjà on sent poindre l’ambiance glaciale sous-jacente. Perkins choisit Ottawa en plein hiver pour amplifier l’effet claustrophobique de son décor (un internat coupé du monde), renforçant le sentiment d'isolement qui imprègne tout le film. Niveau atmosphère, ça se pose déjà là. Cette froideur visuelle, ce sentiment de solitude et d'abandon, tous ces symboles, sont d’ailleurs les miroirs parfaits des protagonistes. Particulièrement concernant le personnage de Kat. Sa jeune interprète, Kiernan Shipka – à peine 16 ans pendant le tournage – fait à ce titre un super bon taf dans tous les registres pourtant minimalistes qu'elle affiche. Elle est franchement parfaite dans le rôle. Aussi touchante qu'inquiétante.
Le film est lent, contemplatif, ce qui pourra rebuter les amateurs de rythmes effrénés et de montées d’adrénaline constantes. Mais c’est précisément cette lenteur qui fait la force de February. Oz Perkins construit patiemment et plutôt efficacement une tension sourde, jouant sur la suggestion, l’attente, le non-dit. Une tension sourde ne demandant pourtant qu'à exploser. À travers une narration éclatée, on est constamment déstabilisé, sans savoir réellement où le film nous emmène. Ce choix narratif, qui ne se révèle pleinement qu’à la toute fin, ajoute une couche supplémentaire non seulement d'intérêt – même si le film est lent, on ne décroche pas vraiment, on a toujours envie d'en savoir plus, de comprendre, de savoir où le film nous entraîne – mais également une couche supplémentaire de malaise une fois que l'on commence à comprendre ce qu'il en est. Effet de malaise encore plus renforcé par le boulot du frangin, Elvis Perkins, qui signe et fait un taf assez chouette avec la bande-son. Elle est minimaliste, mais elle sait créer un espace décalé et stressant. Les bruits étranges, les notes dissonantes, collent parfaitement à l’atmosphère du film.
Visuellement, Perkins et sa directrice photo, Julie Kirkwood (qui a bossé sur The Monster) font un boulot assez carré, avec une photographie froide et désaturée, des cadres isolant systématiquement les persos, appuyant encore plus la solitude des personnages et renforçant le côté glacial du récit. C’est clairement un film sur la solitude, la déconnexion avec le monde, et peut-être, sur la manière dont ces sentiments peuvent ouvrir la porte à des choses bien plus sombres. Le casting presque exclusivement féminin, combiné à la caméra de Julie Kirkwood, donne au film une dimension intéressante, évoquant une horreur plus subtile, intime, sensible. Le film joue constamment avec ses symboles : la neige, la solitude, l'adolescence, la féminité, la perte de contrôle, la violence.
En somme, February, c’est un film d’horreur – plutôt un thriller psychologique et horrifique – qui ne plaira pas à tout le monde. Clairement. Ici, tout est dans l’atmosphère, l’ambiance, la lente montée de l'inexorable. Oz Perkins prend son temps donc, il crée un climat intrigant et peu à peu oppressant, avec des personnages féminins hyper intéressants. Comme je le disais en intro, pourtant c'est pas forcément mon truc ce genre de traitement, même moi je suis surpris d'avoir adhéré. C'est spécial et évidemment loin d'être parfait, mais je pense que ça mérite le coup d'œil.
– MacReady –
Films cités dans l'article présents sur le blog :
- Longlegs
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