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Année : 2024
Pays : États-Unis
Casting : Nicolas Cage, Maika Monroe, Blair Underwood
Durée : 1h41
Note : 4/6 (MacReady)
Alors Longlegs, nouveau film d'Osgood "Oz" Perkins, qu’on connaît pour des films comme February (connu aussi sous le nom de The Blackcoat’s Daughter) et Gretel & Hansel, continue de développer son style si particulier, mêlant horreur subtile et atmosphère oppressante - et ryhtme aléatoire aussi, mais bon, c'est encore autre chose. Ici, il nous plonge dans une enquête qui, bien qu’elle semble suivre les codes classiques du thriller un peu bateau, finit par basculer dans un univers aussi chelou que cauchemardesque. Un peu fucké, un peu maladroit et boiteux, maladif, mais dont la somme de tous ces éléments décalés - foirés pour certains - participent paradoxalement à la réussite indéniable de l’atmosphère bizarre et crapoteuse de l'ensemble. Intéressant.
L’histoire : Dans les années 90, l'enquêtrice du FBI Lee Harker (Maika Monroe) se retrouve à traquer un tueur en série nommé Longlegs, après que l'affaire ait été rouverte. Peu à peu, cette investigation la pousse dans une spirale psychologique sombre, la forçant à confronter ses propres démons.
Voilà. Un pitch comme déjà dit classique. À première vue, on est dans le thriller pur et dur, un poil lambda, du déjà-vu : une traque de serial killer, une jeune enquêtrice qui frôle ses propres limites psychologiques... Mais la mise en scène de Perkins - avec l’aide de son directeur de la photographie, Andrés Arochi (très bon) - va faire toute la différence en composant un univers visuel assez étouffant et particulièrement singulier. Certains choix de focales hyper serrées, jouant souvent sur des plans longs, semblent littéralement enfermer le personnage principal et le spectateur dans un cadre oppressant, étouffant, aussi déstabilisant que contrasté. L'opposition des tons froids et chauds ajoute une autre dimension à l'atmosphère très particulière du film, jeu de couleurs symbolisant assez justement ce contraste, à la fois visuel, tonal et d'ambiance, lutte perpétuelle entre contrôle et perte totale de repères. Du bon boulot, vraiment. Stylisé, mais parfois assez crade, et toujours hyper chelou.
Et c’est dans cette ambiance déjà bien attaquée que surgit des buissons de l'éthéré un Nicolas Cage sauvage. Regardez, regardez comme son poil est soyeux ! C'est quand même beau la nature... Bon blague à part, le mec c'est toute une ambiance à lui-seul, déjà, de base, faut le reconnaitre, mais là encore plus. Une petite cerise décrépite sur le gâteau de l'étrange et du malaise. Ses apparitions, rares mais hyper marquantes, brisent tout équilibre que le film aurait pu établir jusque-là. Son jeu outrancier, grotesque, tout en dissonance avec l'ambiance froide et tout en retenu du reste du cast (contraste supplémentaire), rajoute une nouvelle couche à cette atmosphère déjà pesante. C'est plutôt dangereux de jouer cette partition, tant le ridicule n'est pas loin - et pour certaines et certains je ne doute pas qu'ils tomberont dans ce ressenti. Mais je dois avouer que pour ma part, j'ai trouvé ça assez bien vu dans la globalité et dans les effets recherchés. On est pas si loin des jeux décalés et des ruptures de l'angoisse Lynchiennes, où le ridicule revendiqué, volontaire, participe à ses ambiances onirico-cauchemardesques et la montée de ce sentiment d'inquiétante étrangeté. D'ailleurs Cage m'a beaucoup fait penser à un mix de plusieurs personnages de Lynch. Y a même un peu de Bob de Twin Peaks quelque part, trouvais-je. Plutôt cool.
Bref, Longlegs n’est pas le simple thriller lambda qu'il semble être, qu'il aurait dû être presque. C’est un film qui joue constamment sur la rupture, que ce soit dans son ambiance, son jeu d’acteurs ou sa photographie. La mise en scène, magnifiée par le travail d’Arochi, nous entraîne dans une sorte de cauchemar éveillé satanique, où chaque élément semble vouloir déconstruire les attentes du spectateur, voir même s'y opposer. Et même si le film vacille parfois dans son équilibre, c’est cette instabilité qui en fait sa singularité, qui paradoxalement en fait une œuvre que j'ai trouvé particulièrement intéressante. Un espèce de charme étrange surnage, difficile à définir, mais à mes yeux indéniablement efficace et sympathique. Assez curieux de voir son prochain projet prévu pour 2025 : une adaptation de la nouvelle The Monkey - écrite en 1980 et présente dans le recueil Brume - de Stephen King.
-MacReady-
Films cités dans l'article présents sur le blog :
- February/The Blackcoat's Daughter
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