Année : 1989
Pays : États-Unis
Casting : Jean-Claude Van Damme, Vincent Klyn, Deborah Richter
Durée : 1h26
Note : 4/6 (MacReady)
En 1989, la Cannon Films, célèbre société de production de films à petit budget des années 80, dirigée par les joyeux cousins margoulins - au moins aussi passionnés par le cinéma qu'il sont margoulins, c'est dire - Menahem Golan et Yoram Globus, la Cannon, disais-je, est un peu dans la merde. Elle s'est étendue plus que de raison en s'implantant en Europe, en rachetant tout un parterre de cinémas en Angleterre, en Italie, en Allemagne, faisant des chèques en blanc, cramant tout ce qu'ils avaient et galérant à gérer le tout. La définition même des yeux plus gros que le ventre. De plus, voulant sortir de la case petit budget, ils ont dépensé des fortunes pour acheter les droits de la saga Superman, des Maîtres de l'Univers et de Spider-Man. Malheureusement, malgré le pognon investi, Superman 4 et Les Maîtres de l'Univers se plantent. Ce qui est quand même con puisque la production de Les Maîtres de l'Univers 2 est déjà sur les rails et du pognon déjà investi. Mais ne pouvant plus suivre, Mémé et Yoyo annulent tout. Et c'est là que débarque ce débrouillard, pas regardant et filou d'Albert Pyun qui se dit que, quand même, on va pas gâcher. Donnez-moi le blé investi, les costumes, les "décors", quelques semaines et je vous fais un film pépouze. Vous l'aurez compris, ce film, c'est Cyborg.
L'histoire : Dévastée par l'anarchie sociale et la peste, l'Amérique du 21ème siècle est plongée dans un cauchemar barbare. Seul Pearl Prophet, une magnifique mi-humaine / mi-robot, a les connaissances nécessaires pour développer un vaccin. Mais Pearl est capturée par des pirates cannibales qui veulent garder l'antidote pour eux... et dominer la Terre ! Seuls les talents de combattant de Gibson Richenbaker peuvent la sauver. Et, avec elle, le reste de la civilisation.
Scénario conceptualisé, développé et écrit en un week-end, tournage de 23 jours et une enveloppe de moins de 500 000 dollars. En gros, le petit déjeuner des champions. La recette du succès assuré. Non, c'est faux. C'est faux, mais ça aurait pu être pire. Pyun, qui est quand même le grand maître incontesté du terrain vague et de l'usine désaffectée, arrive parfois à rendre ça pas trop dégueu vu les conditions de production et de tournage. Évidemment, c'est fauché, évidemment, c'est boiteux, mais il réussit quand même, de ci, de là, à sortir des images sympas, faisant vraiment tout son possible pour rester coûte que coûte dans le registre de la série B en évitant au maximum le Z. Bon, il n'y arrive pas toujours, faut être honnête. Mais néanmoins, il faut souligner les véritables efforts et la capacité de débrouillardise - ah, et ce joli dessin aussi, bravo.
Ensuite, le film est ce qu'il est : boiteux comme déjà dit, parfois un peu chiant, pas désagréable à suivre pour autant - d'autant plus si on a une nostalgie pour l'époque, pour la Cannon, ce fleuron, ce studio iconique des années 80, pour ces films sans le sou mais quand même tournés sur pellicule, sortant au cinéma, avec quand même une volonté de ne pas proposer quelque chose d'absolument moche. Cyborg est même plutôt sympa à regarder aujourd'hui malgré tous ses défauts. On peut même être un peu surpris en le redécouvrant en HD, là où les vieux souvenirs de VHS parasitaient (littéralement) les souvenirs du rendu global. La photo n'est pas si dégueu - toutes proportions gardées évidemment vu le budget - utilisant mille artifices pour essayer de donner de la texture, voire de l'envergure, à ce qui pourrait vite tomber dans le "faisons un cosplay post-apo et tournons ça dans le jardin". Et non, encore une fois, ça a une certaine gueule et on sent une véritable envie de bien faire malgré tout.
Niveau casting, à la base, Pyun voulait Chuck Norris dans le rôle principal. Mais après le succès de l'un de leurs plus gros succès, Bloodsport, la Cannon donne le choix au jeune Jean-Claude Van Damme en lui proposant les scripts de Delta Force 2, American Ninja 3 ou Cyborg. Un choix de gourmet. Mais quand on a faim que voulez-vous. Et Jean-Claude il en veut et il essaie comme d'hab d'être à fond - même lorsqu'il porte une moumoute cheveux-longs dans les flashbacks. Et franchement, il s'en sort pas trop mal, autant dans les scènes d'action que dans ce côté petit chiot triste et mignon mais triste. Bon, pas de bol, pendant le tournage, il a crevé accidentellement un œil à l'acteur Jackson Pinckney avec un couteau et le mec aurait porté plainte contre le Belge. Mais bon, c'est ça de faire du grand art. On n'a rien sans rien. Sinon, il y a aussi le surfeur pro Vincent Klyn dans le rôle du méchant. Il joue un peu comme une patate, mais il dégage un certain (petit mais présent) charisme.
Voilà, on ne va pas épiloguer. Cyborg, eh bien, c'est Cyborg. C'est un peu nul, ça sent un peu des pieds - post-apocalyptiques les pieds - mais le tout n'est pas vraiment déplaisant, on sent que tout le monde fait ce qu'il peut, la photo n'est pas si dégueu, les terrains sont très vagues et les usines sont très désaffectées. C'est un peu violent, mais aussi un peu cucul, c'est débrouillard mais quand même très limité. Mais ça fait plaisir quand même de se replonger dans ce genre spécifique de production, dans ces tentatives de vraiment faire le max, d'y aller quand même sans pognon, sans rien, et ouais, de faire véritablement ce qu'ils peuvent. Je respecte ça et comme j'aurais toujours de la tendresse pour ce genre de petits films boiteux et fauchés, que l'on a un peu trop tendance à comparer à des films moins prolos ou en tout cas réalisés avec plus de savoir faire, et que du coup on relègue avec mépris dans le rayon gros nanar. Moui. Je comprends, et dans l'absolu c'est pas entièrement faux, mais moui. En tout cas j'ai pas passé un horrible moment à le revoir. C'était sympa. Que voulez-vous, je ne suis que générosité. À noter que le film a engendré deux suites : les biens nommés Cyborg 2 en 1993 (avec Elias Koteas, Angelina Jolie et Jack Palance) et Cyborg 3 : The Recycler, lucide, (avec Zach Galligan, Richard Lynch et Malcolm McDowell) tous deux réalisés par Michael Schroeder (le fameux réalisateur de... oui bon, Cyborg 2 et 3).
-MacReady-
Autre critique de film de Albert Pyun présente sur le blog :
- Nemesis
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