Année : 1978
Pays : Australie
Casting : John Hargreaves, Briony Behets
Durée : 1h37
Note : 2/6 (MacReady)
3,5/6 (Dahlia)
Long Weekend de Colin Eggleston - présenté dans la Rétrospective Ozploitation du Festival européen du film fantastique de Strasbourg (le FEFFS), revenant sur, et nous présentant quelques "fleurons" de la nouvelle vague du cinéma australien - est souvent considéré comme un précurseur du cinéma écologique. Mais entre les bonnes intentions et la réalisation, il y a parfois un fossé. Le film tente d’instaurer une ambiance oppressante en jouant sur les thèmes de la nature vengeresse, mais soyons honnêtes, l’effet n’est pas aussi percutant qu'on pourrait l'espérer. Et je reste gentil, modéré, pondéré, bref, du velours. Non parce que bon... Mais bon bref, déjà, ça parle de quoi ?
L’histoire : Un jeune couple de citadins décide de profiter d'un week-end prolongé pour s'adonner à du camping sauvage au bord de la mer. Par d'imperceptibles étapes, le décor paradisiaque de plage isolée où ils s'installent se charge de mystères avant de se transformer en un véritable enfer...
Une idée de base plutôt cool, faut l’admettre. La nature qui prend sa revanche, c'est un concept qui, dans de bonnes mains, peut devenir extrêmement prenant, voire même angoissant. Mais ici, le film se foire quand même un peu. Colin Eggleston essaie de nous plonger dans une ambiance pesante, avec des paysages vastes et isolés, mais bon, ça traîne. On attend un moment fort, quelque chose qui secoue, un truc choc, même un petit, mais rien. La tension monte… puis redescend… puis remonte… et au final, on est plus frustré qu’autre chose. Les scènes contemplatives, censées intensifier l’atmosphère, finissent par nous sortir du truc, parce qu’elles sont trop longues ou pas assez marquantes. C'est plat, mais c'est beau, mais plat.
La photographie signée Vincent Monton - qui a bossé entre autres sur Déviation Mortelle (Roadgames) de Richard Franklin, autre réalisateur australien connu pour des films comme Patrick, Psychose II ou Link - est effectivement extrêmement maîtrisée. S'exprimant dans un format 2:39 assez bien géré, on ne peut pas enlever au film sa capacité à capturer la nature australienne. Toujours cet aspect - aussi présent dans Wake in Fright par exemple, autre maître étalon de l’Ozploitation, film également présenté dans cette rétrospective (on y reviendra dans un prochain article), mais également dans Déviation Mortelle évoqué au-dessus - toujours cet aspect, disais-je, ce sentiment paradoxal de paysages ouverts mais étouffants, étendus mais dégageant un sentiment de claustrophobie. Toujours intéressante visuellement, cette dimension dans l’Oz'. Mais malheureusement, malgré ces jolis plans, le simple plaisir visuel ne suffit pas. Il manque un vrai punch à l’ensemble. La nature, censée être menaçante, reste plus passive qu'effrayante. On aurait voulu voir une montée progressive du malaise, quelque chose qui nous colle à la peau, mais à la place, on se retrouve avec des longueurs et une tension qui s'évapore aussi vite qu'elle est apparue.
Les acteurs, eux, sont corrects. John Hargreaves et Briony Behets se donnent à fond, mais leurs personnages sont tellement détestables que ça en devient presque un challenge de les supporter. Peter est un gros macho aussi insensible que con, et Marcia est perpétuellement sur les nerfs. Résultat : le spectateur n’a aucune envie de les voir s’en sortir, et le temps devient long. Le couple semble être là pour se déchirer autant entre eux qu’avec la nature, mais leurs disputes constantes finissent par fatiguer. Alors oui ça reste évidement le cœur du film : il faut bien que le récit mette en avant le caractère égoïste et détestable, inconséquent et supérieur, de l'être humain, mais du coup on a aucune ancre. Ne reste ainsi pour eux que désintérêt saupoudré d'agacement. (Rappelez-vous : gentil, modéré, pondéré, ouaté même : non parce qu'en vrai c'est un couple de connards insupportables, surtout le mec évidemment, faut le dire, mais n'empêche).
Quant au message écologique de cette nature vengeresse, on ne peut pas dire que ça marque tellement les esprits non plus. Il y a des idées intéressantes (le dugong zombie est sympa), mais elles sont mal exploitées, ou du moins pas assez développées, incarnées surtout. C'est-à-dire qu'on est tellement dans l'hyperbole, dans l'hyper-symbolique parfois un peu évidente, simpliste et un peu benoitement frontale - l'œuf que garde précieusement la meuf, symbole de la problématique principale faisant que ce couple se déchire, on lève un peu les yeux au ciel (modéré, pondéré, blablabla) - que le film n'arrive pas à transformer l'essai, oui à incarner ses idées à travers des péripéties ou des moments vraiment impactants. Du coup, ça reste faiblard, mais beau, mais faiblard.
Bref, pour conclure, Long Weekend garde un certain charme malgré tout, notamment grâce à son cadre naturel, grâce à sa photo et à l'ambiance inquiétante et parfois, à de rares occasions, oppressante, et également grâce à son approche un peu singulière. Mais dans l’ensemble, le film ne tient pas ses promesses. Il aurait pu être une vraie claque dans le genre de l’horreur écologique, mais il se perd en chemin à force de lenteurs, de personnages compliqués et d'un manque cruel d'incarnation. C'est dommage.
-MacReady-
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