Année : 2023
Pays : États-Unis, Argentine
Casting : Ezequiel Rodríguez, Demián Salomón, Silvina Sabater
Durée : 1h39
Note : 5/6 (MacReady)
Co-produit par le service de VOD américain Shudder, spécialisé dans la diffusion de films d'horreur, fantastiques et de thrillers, et par La Puerta Roja, un partenariat en coentreprise entre Aramos Cine, basé en Argentine, et Machaco Films, When Evil Lurks imprime méchamment la rétine. Demián Rugna, le réalisateur et le scénariste du film - dont d'ailleurs le scénario avait remporté en 2021 le prix du finaliste au Sitges Pitchbox, un événement international de pitch organisé par Filmarket Hub et le Festival du film de Sitges - Demián Rugna, disais-je, nous pond une œuvre désespérée et poisseuse, crade et crépusculaire, violente et gore. Une vraie réussite, qui a réussi à impressionner les spectateurs dans tous les festivals où il est passé, gagnant même le prix de la critique et du public au Festival de Gerarmer 2024.
L'histoire : Après avoir découvert un cadavre mutilé près de leur propriété, deux frères apprennent que les événements étranges survenant dans leur village sont causés par un esprit démoniaque qui a élu domicile dans le corps purulent d’un homme.
Sur la base de ce pitch, Demián Rugna va s'employer à dérouler son intrigue et, par extension, son univers en allant toujours de l'avant et sans jamais s'arrêter. Toujours en mouvement, il laisse le spectateur découvrir le monde présenté par des infos distillées au compte-gouttes tout au long du récit. Le scénario se montre effectivement particulièrement efficace et prenant. Il relance systématiquement son histoire par des effets chocs aussi brutaux qu'efficaces, par des révélations, sans jamais oublier de se laisser également l'opportunité de nous offrir des plages de calme. Non pas pour nous permettre de souffler, mais au contraire pour laisser se répandre cette ambiance mortifère et poisseuse contaminant chaque articulation narrative. L'ensemble est une franche réussite.
Franche réussite magnifiée par la mise en scène. Simple, carrée, allant à l'essentiel, visant systématiquement l'efficacité presque minimaliste, l'impact pur. On retrouverait presque une méthodologie à la Carpenter ou Walter Hill qui, bien que très différente dans leurs traitements et aspects visuels, dans leurs styles, participe néanmoins à cette volonté d'aller d'un point A à un point B, sans chichi ni blabla, en une petite heure trente-cinq, et basta, droit au but. Les images sont belles, mais dégagent un sentiment de malaise permanent, la pourriture se répandant à toutes les strates de la réalité, des rapports humains, de la structure familiale. Tout transpire la mort, la fin. Presque olfactive, une odeur pestilentielle se dégage du film. Le rythme oscille, sur le fil du rasoir, entre contemplation morbide - le calme n'étant que la manifestation d'un contrôle toujours sur la corde raide, toujours à la lisière de la folie, du désespoir et de l'hystérie contenue - et du suspense où tout accélère, tout se manifeste, tout se répand, tout fait mal.
Car oui, l'imagerie présentée, les images chocs véhiculées, font mal. L'opposition caractéristique et habituelle - film d'ambiance en retenue versus films frontaux, violents et gore - est ici dissoute. L'ambiance et la retenue nourrissent le choc de la violence et du gore. Cette réunification des concepts fonctionne à merveille, ne s'annule en rien mais au contraire se nourrit l'un de l'autre. Du très bon boulot. S'éloignant de l'imagerie classique de la possession et réunifiant également l'aspect à la fois physique (le body horror crade) mais également immatériel de cette possession (le "démon" peut être partout, contaminant aussi bien les animaux que les humains), le film réussit même à transcender l'aspect "malédiction et règles à suivre" pour proposer un véritable film d'infection, mais globale, dont l'épicentre pourrissant n'attend que de mourir pour mieux renaître.
Bref, When Evil Lurks de Demián Rugna est une franche réussite à tous les niveaux, chaque engrenage s'ajustant parfaitement entre eux et participant à ce que la dynamique fonctionne et impacte le spectateur. Bien rythmé, bien exécuté, autant dans la compréhension progressive de l'univers présenté que dans le déroulement de son intrigue, autant dans son ambiance que dans sa violence, le film de Demián Rugna s'impose, non pas comme un chef-d'œuvre incroyable, jamais vu et démentiel, mais bien comme une machine de guerre d'efficacité. Rien que pour ça, bravo.
-MacReady-
Le film a été présenté au FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg) 2023 et Dahlia nous en avait déjà parlé dans son compte-rendu :
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