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Wolf Guy [Kazuhiko Yamagushi]

 

Wolf Guy de Kazuhiko Yamagushi


Réalisation : Kazuhiko Yamaguchi

Année : 1975

Pays : Japon

Titre Original : Urufu gai: Moero ôkami-otoko

Casting : Sonny Chiba, Kyōsuke Machida...

Durée : 1h26

Note :  Homme-loup/6  (Vixen)


Plus d'un mois s'est écoulé depuis l'annonce de sa mort et il faut désormais se rendre à l'évidence : oui, Sonny Chiba, « l'acteur de Kill Bill » selon France Dimanche, semble bel et bien être passé de vie à trépas. Mais plutôt que de nous lamenter tels des chroniqueurs de CNews sur ce grand malheur ayant entraîné une baisse critique du taux de testostérone planétaire, nous avons préféré lui rendre hommage en commandant des pizzas et en roulant des tarpés devant quelques uns des jalons de sa filmographie. Telles sont les commémorations des bisseux du monde entier.

 Pour autant, faut-il se prosterner devant les plus obscures séries B de sa carrière et s'extasier par principe à grands renforts de superlatifs, à l'image d'un Tarantino en pleine montée de péruvienne ? Mac Ready ayant lancé les célébrations en grande pompe avec sa critique de l'excellent Street Fighter, c'est à mon tour de jouer les voitures balais en exhumant l'invraisemblable Wolf Guy (1975). Action ! 

 

Wolf Guy de Kazuhiko Yamagushi

Et déjà le carton titre claque à mort !

Parce que non, vous ne rêvez pas : Sonny Chiba joue un détective loup-garou.

 

Bon je pourrais m'arrêter là en fait, l'argument marketing est déjà en soi tellement puissant qu'à ce simple énoncé on devine les cartes bleues en train de surchauffer.

...Mais si je vous dis que l'homme-loup enquête sur des meurtres sanglants perpétrés par une tigresse fantôme ? Ou qu'il va se retrouver à affronter une organisation criminelle paranormale utilisant une junkie syphilitique comme assassin, des musiciens dépravés amateurs de viol collectif et des paysans arriérés qui rigolent avec des dents cariées ? Eh bien après avoir défailli de bonheur puis repris conscience vous n'aurez encore qu'une vague idée du bordel sans queue ni tête que constitue Wolf Guy.

 

Wolf Guy de Kazuhiko Yamagushi

Pourtant le film démarre à peu près « normalement » (les guillemets ont leur importance) en roulant sur les rails du polar sleazy typique de l'époque : cassages de gueule, mafieux sadiques et soundtrack funky de qualité, OK, Sonny Chiba pue la classe et le sex-appeal, normal, il savate un mac sans abîmer son costard en velours et tombe tout ce qui bouge, très bien, et les femmes sont soit des grosses victimes soit des bombasses agressives en cuir.

Business as usual donc....mais ce n'était qu'un leurre pour mieux nous tromper ! ou alors le film réalise soudain qu'il reste encore 10 tomes du manga à adapter, et décide de tout bourrer en moins d'une heure ? Toujours est-il que l'intrigue se met à dérailler sévère dans un grand numéro de portnawak en freestyle. Complot gouvernemental, combat d'hommes-loups, flash-backs, nichons, pirouettes, nichons, inceste, explosions, le tout monté à la scie sauteuse avec un résultat chaotique. Une voix-off sortie de nulle part tente bien d'éclaircir tout ce pastis mais il manque clairement deux bobines au film et Sonny Chiba lui-même paraît un peu largué au milieu de ce boxon. 

 

Wolf Guy de Kazuhiko Yamagushi
 

Le problème majeur reste néanmoins la réalisation : Kazuhiko Yamagushi, qui avait précédemment dirigé Chiba dans Karaté Bullfighter ou Karaté Bear Fighter et qui œuvre ici en service commandé, n'a pas l'élégance d'un Teruo Ishii ou d'un Norifumi Suzuki. Il compense comme il peut, en faisant virevolter sa caméra dans tous les sens et en multipliant au hasard les effets psychédéliques les plus farfelus, mais il est évident que son manque de style et de conviction ne peuvent transcender ni l'absence de budget ni la faiblesse du script (la photo terne et sans apprêt n'arrange rien). 

 

Wolf Guy de Kazuhiko Yamagushi

En résumé le film dégringole dangereusement du B vers le Z jusqu'à finir par évoquer en fin de parcours un nanar turc (faux raccords inclus), en à peine plus friqué. Et plus précisément l'inoubliable Vahsi Kan (1983), d'ailleurs Cuneyt Arkin était un peu l'équivalent ottoman de Sonny Chiba et aurait lui aussi fait un excellent loup-garou. Ne fantasmons même pas sur une rencontre au sommet entre ces deux titans de la virilité qui feraient passer Pascal Brutal ou Papacito pour des concurrentes de RuPaul Drag Race. Mais je m'égare.


Et à propos de loup-garou, autant crever l'abcès pour de bon : ceux qui attendent de voir Sonny Chiba grimé comme Paul Naschy et pousser des hurlements canins en seront pour leurs frais. Manque d'argent, refus de la star ? Ou simplement le fait que l'acteur était déjà tellement bestial à la base que toute couche de poil supplémentaire aurait été superflue ? Dans tous les cas, le héros se contente finalement d'acquérir une force surhumaine lors de la pleine lune, ce qui est bien mais pas top. Heureusement, il est capable d'aspirer ses intestins à l'intérieur de son abdomen après une éventration (un petit éclair gore bienvenu dans un métrage globalement trop timide sur le rouge qui tache).

 

Wolf Guy de Kazuhiko Yamagushi

Le film se termine abruptement, après un climax tiède qui ne satisfera pleinement que les amateurs de roulades, et dans l'optique d'une séquelle qui n'arrivera jamais. Wolf Guy était sans doute un peu too much, y compris pour le public nippon de l'époque. Et avec 45 ans dans la gueule au compteur, le constat n'a guère changé : le film ravira les amateurs de mauvais goût et de nanars psychotroniques mais reste techniquement trop médiocre pour s'imposer comme un petit classique pop méconnu (faut dire que le niveau était quand même sacrément relevé dans le cinéma Japonais des 70's). De toute façon, vous vous en foutez : vous étiez déjà conquis à l'énoncé du pitch.

 -Vixen-


Wolf Guy de Kazuhiko Yamagushi

Film disponible chez Arrow Films

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