Mausoleum [Michael Dugan]

 

Réalisation : Michael Dugan

Année : 1983

Pays : Etats-unis

Casting : Bobbie Bresee, Marjoe Gortner, Norman Burton

Durée : 1h36

Note : c'pas si simple/6 (MacReady)

 

 

- Bon, Mac, Il faut que tu écrives un truc sur Mausoleum.
- Mausoleum ? Non mais Georgie, t'es sérieux ? Tu l'as vu ?
- Non rien à foutre.
- Ah.
- Ouais. Non mais c'est pour toi ça, ça a l'air un peu pourri, et t'aimes bien les films pourris.
- Euh pas du tout.... enfin si, mais...
- Bah voilà. En plus c'est un film des années 80, t'as du le voir jeune, tu pourras faire ta chouineuse en mode alala c'était bien le temps du Betamax des vidéoclubs porno à moustache ou je sais pas quoi.
- La vache. T'es quand même super plus agressif que ne le laisse entrevoir tes critiques underground poético, sensibles et planantes. Et sinon Dahlia ?
- Ta gueule. Et Dahlia me dit de te dire de la lâcher. En plus, hé, osef : avoue que tu imagines ce dialogue comme un gros schizo juste parce que tu sais pas comment commencer l'article.
- Non.
- Mouais. Bon Mausoleum hein. Et rapidos. Bisous.

...

(bisous ?) 

Enfin bref. Bien. Mausoleum donc. 

 

Alors oui, il a pas tort le Georgie imaginaire. Oui je l'ai vu jeune, et oui c'est un peu pourri, mais oui je l'aime bien quand même. Et à défaut d'essayer de vous le vendre, je vais quand même essayer de vous en parler et d'expliquer pourquoi.

Mais déjà soyons scolaire. Mausoleum est un film de 1981 - qui ne sortira que 2 ans plus tard - réalisé par un certain Michael Dugan. Et Michael Dugan c'est une pointure. (c'est faux). En vrai il n'a réalisé que deux autres films - inconnus - en dehors de celui qui nous intéresse aujourd'hui (enfin surtout moi), et une mini série en 2015. Mais là où il a tout mon respect c'est qu'il a écrit le mythique quinzième épisode de la première saison de Santa Barbara - un épisode moite et trouble qui raconte... non je déconne je l'ai pas vu. (enfin si ça se trouve si) (oui j'avoue je regardais Santa Barbara avec ma mère) (bon j'avais 6 ans à l'époque aussi, j'avais pas trop le choix) (enfin on s'en branle).

On constate donc très vite que Mausoleum est un peu le pinacle de sa carrière. D'autant qu'il semblerait - c'est marqué sur l'affiche française donc ça doit être vrai (*kof-kof*) - que le film ait remporté pas mal de prix au Festival du Film Fantastique de Paris en 83. Alors je vais vous avouer que je n'ai trouvé aucune info concrète là-dessus. Je sais déjà qu'en 83 le lauréat du grand prix, la licorne d'or, était Xtro mais rien de plus. J'ai même failli envoyer un message à Schlockoff pour avoir des infos - et puis je me suis dit ouais bon ça va, on s'en fout. Si, il y a bien sur le wiki anglais du film la mention qu'il ait remporté le prix du jury, mais rien de plus. Voilà voilà, admettons.

Mais bref de quoi ça cause : Traumatisée par la mort de sa mère, qu'elle pense due à la possession par un démon, Susan commence à ressentir elle aussi ce même démon qui l'habite. De plus en plus, son mari et son médecin remarquent de troublants changements en elle… 

 

 

(troublants en effet)

Bon alors oui nous y sommes et je vais pas mentir, le film est... tangent. Ça a la gueule d'un téléfilm, le rythme est clairement pépére-pantoufles, les réactions des persos sont aux fraises, et le tout bénéficie d'un manque notable de budget et de talent pour compenser. Le cast - portée par l'actrice Bobbie Bresee, que l'on retrouve aussi dans Santa Barbara, décidément, s'est surtout illustrée à la télévision (dans Drôles de Dames, La Croisière s'amuse, L'homme qui tombe à pic), mais aussi dans Ghoulies et dans Surf Nazi Must Die de la firme Troma - le cast disais-je, vous vous en doutez, transpire le charisme...

... ce qui ne nous le cachons pas n'aide pas vraiment à... Attendez deux secondes... Ah mais oui, c'est bien Marjoe Gortner, le pseudo Luke Skywalker/Han Solo de l'incroyable Starcrash de Luigi Cozzi. Bon bah j'ai rien dit, le cast est génial. Parce que oui on est quand même pas très loin du nanar. Enfin pas très loin, selon la sensibilité, certaines et certains pourraient carrément dire qu'on est en plein dedans. Personnellement, et même si je pourrais difficilement les contredire, je trouve ça quand même un peu simple. Oui, c'est maladroit. Oui le budget est limité. Oui parfois c'est risible. Enfin parfois, souvent même... Mais le film réussit son coup malgré tout sur certains points. 

 

Déjà dans ses tons parfois très colorés, il y a une certaine recherche que n'aurait pas renié le Dario Argento de Suspiria - toute proportion gardée évidemment - et qui réussit parfois à donner une petite ambiance de cauchemar hyperbolique vraiment pas désagréable. C'est très étonnant ce mélange passant comme je le disais d'une texture très téléfilm avant d'opérer des ruptures stylisées oniriques, donnant même parfois l'impression de plonger dans une sorte de conte de fée adulte, macabre et gore. Parce que oui c'est plutôt gore et c'est plutôt cool. Pas non plus incroyable dans les effets présentés - manque de budget oblige - mais pas désagréable et rythmant de manière plutôt efficace le film. Ça épice quoi, et plutôt efficacement. Le bodycount sans être dingue est respectable, ça passe, et les sévices relativement variés. 

 

Ensuite il y a une espèce de volonté de ne pas trop cacher ses effets, notamment de maquillages dans la transformation progressive de Susan en démon. On a vu des films au budget plus important, mais malgré tout plus honteux d'exposer aussi frontalement ses monstres. Alors oui, on peut juger que la discrétion est synonyme de subtilité et d'humilité - surtout quand ils sont aléatoires dans la qualité du rendu. C'est pas faux dans l'absolu. Mais lorsqu'on a une histoire, des acteurs et une proposition, de base, pas folichonne, c'est plutôt cool au contraire de se lâcher et de pas avoir peur de balancer de l'imagerie horrifique aussi directement - quand bien même on sent bien que c'est pas Rob Bottin aux manettes (loin loin de là) et que oui parfois c'est plus que limite. Mais néanmoins, je trouve ça plutôt sympa.

 

Donc voilà, je vais pas non plus en faire des tartines, l'article est déjà assez inutilement long comme ça. Et comme je le disais en introduction j'ai pas la prétention de vouloir à tout prix vous le vendre. Mais malgré ça, je pense qu'il faut le voir quand même. Entre potes, avec les fameuses pizzas et bières (ou autre épice) proverbiales, pour vanner et rigoler. Ou même seul(e)s, tranquilles et posé(e)s. Et qui sait, peut-être que comme moi vous dépasserez un peu ce stade basique et serez charmés par les quelques qualités - réelles à mon sens - qui parfois remontent à la surface et par les propositions typiques de la période essayant d'offrir quand même quelque chose de plus ou moins sympathique et relativement généreux. Et pour ne pas contredire ce bon Georgie imaginaire quant à ma légère nostalgie pour les années 80, c'est clair, j'avoue : ce Mausoleum - et toutes prods du même genre, aussi pétées et claquées au sol qu'elles soient - bah c'était quand même plus cool et rigolo que la majorité de la prod horrifique à petit budget actuelle.

 

 -MacReady-

 

 Disponible en Bluray chez Pulse Store

 

 Film cité dans l'article et disponible sur le blog :

- Xtro