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Réalisation : Harry Bromley Davenport
Année : 1982
Pays : Angleterre
Casting : Philip Sayer, Bernice Stegers, Maryam d'Abo
Durée : 1h23
Note : 4/6 (MacReady)
Ah Xtro... Alors je sais pas vous, mais perso, même si je me laisse rarement aller à la nostalgie, je dois avouer que rien qu'à l'évocation du titre une douce flagrance de plastique-qui-pue propre aux vhs envahit mes narines. Qu'est-ce que c'était bien de découvrir ce genre de petits films dans des qualités minables, tout parasité, en vf, en se frayant difficilement un chemin du haut de mes 10 ans, jouant du coude et esquivant les mecs chelous empestant la sueur et l'alcool pour atteindre la section film d'horreur située juste à coté - et même pas dissimulée - de la section porno. Toute une époque... Enfin j'évoque, j'évoque, mais on s'en fout complètement.
Xtro est le deuxième film du réalisateur britannique Harry Bromley Davenport qui, avouons-le, ne s'est jamais vraiment distingué, faut être honnête. A son actif on peut noter Xtro 2 et 3 - bon, ça c'est fait - suites indépendantes n'ayant rien à voir avec le premier, et des trucs inconnus au bataillon. Sans déconner Horton, drôle de sorcier ou Pour l'amour de Katie, ça vous parle ? Bah à moi non plus. Par contre Xtro, qui a même gagné en 83 une licorne d'or, le grand prix du Festival International du Film Fantastique et de Science-Fiction de Paris créé par Alain Schlockoff, est quand même resté dans les mémoires pour pas mal de raison.
Déjà parce qu'il est produit entre-autre par Robert Shaye, futur patron de la New Line (producteur de la saga Freddy Krueger à la trilogie du Seigneur des Anneaux - c'est même lui qui a proposé à Peter Jackson d'en faire trois films au lieu de deux). Ce bon Robert qui a d'ailleurs fait le forcing pour que Xtro s'oriente de plus en plus vers le film d'horreur, là où le scénario d'origine également signé par Davenport se situait plus dans le registre science-fictionnel. Notable également, car il faut quand même saluer le flair incroyable de sortir ce film en 1982, la même année qu'E.T de Spielberg - 40 ans plus tard John Carpenter en a encore des aigreurs d'estomac, lui dont son The Thing est sorti également à la même période - période où donc le monde entier s'est rassemblé mouchoir au nez dans les salles s'émouvoir devant la tragique histoire d'un caca géant voulant juste passer un coup de fil à ses parents. Mais au-delà de tout ça un film extrêmement notable par le résultat à l'écran : bizarre, étrange, inquiétant, boiteux et fragile aussi peut-être, involontairement drôle aussi parfois sans doute, mais malgré tout curieusement hyper marquant.
Mais avant toute chose, le pitch : un père de famille disparait dans un aveuglant éclat de lumière devant les yeux hallucinés de son fils. 3 ans plus tard, il réapparait. (on peut pas faire plus simple) (ah et on remarquera qu'en trois ans son fils de 8 ou 9 ans n'a ni changé, ni grandit d'un pouce : la magie cheloue du cinéma, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise...)
Sur cette simple base le film va réussir à nous offrir une ambiance et des proposition visuelles quasi entièrement axées sur l'altérité extraterrestre d'une manière ma foi assez réussie. Tous les ressors, les enjeux, les ruptures, les relances et le mystère également, le suspens presque, va s'exprimer à travers cette différence fondamentale, étrange et inquiétante, d'une entité modifiée par des êtres fondamentalement incompréhensibles car absolument étrangers à notre planète. On pense évidement - toute proportion gardée évidement - à Alien de Ridley Scott et à sa créature dont le cycle biologique étrange a durablement marqué les esprits, mais surtout à David Cronenberg tellement l'on rentre ici en plein body-horror bizarre, parfois sexuel et parfois craspec - voir le tout en même temps.
Le film nous présente tout ces éléments biologiquement particuliers, dirons-nous, de manière parfois gore (la renaissance du père), parfois aussi presque anecdotique de l'ordre du détail (on le voit respirer goulument du gaz, soulagé, comme si l'atmosphère terrestre ne lui convenait plus) mais le tout participant constamment à jouer avec cette idée d'altérité gonflant constamment les enjeux et les questionnements relatifs face à tout ça. Qu'est devenu ce père, putain ? Que veux-t-il ? What the fuck ? Oui non parce que du WTF il y en a aussi à travers quelques passages surréalistes. Un soldat en plastique géant tuant une vieille à coup de baïonnette ? Il y a. C'est pas banal mais il y a. Un nain chelou déguisé en clown ? Indispensable...
C'est tout ça Xtro. Un film à mon sens qu'on doit avoir vu au moins une fois tellement il peut se montrer singulier. Un film plein de défauts, au budget plus que limité, avec des acteurs parfois à coté de la plaque, mais dont le tout participe à enrichir le métrage de cette constante et inquiétante bizarrerie parfois poisseuse - au moins aussi inquiétant et poisseux que le gros à moustache à coté de moi, semblant hésiter entre un Brigitte Lahaie et un Marilyn Jess et me jetant des regards interloqués alors que je m'émerveillais à la vision de la jaquette de ce petit film d'horreur plein d'alléchantes promesses.
Comme je le disais : toute une époque.
-MacReady-
Film disponible sur la plateforme SHADOWZ
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Commentaires
Vu y'a perpète, j'en garde plutôt un bon souvenir et tu me donnes envie de me rafraîchir la mémoire... et aussi de me remater La Femme objet (c'était moi le moustachu ventripotent)...
RépondreSupprimerHé bah écoute, la moustache te va su-per bien.
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