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Alucarda [Juan López Moctezuma]

 

Avis Alucarda

 

Réalisation : Juan López Moctezuma

Année : 1978

Pays : Mexique

Casting : Claudio Brook, Tina Romero, Susana Kamini

Durée : 1h17

 Note : 4/6 (MacReady)


Au 19 siècle, une jeune fille nommée Justine venant de perdre ses parents rejoint un couvent. Elle y fera la connaissance et se liera d'amitié avec une autre orpheline, Alucarda. Sauvage, rebelle, morbide, passionnée, attirée par la nature et ses mystères, elle entrainera Justine dans une descente aux enfers, malédiction dont Alucarda est elle-même destinée depuis sa naissance.

 

Avis Alucarda

Troisième film du mexicain Juan López Moctezuma, Alucarda est un film à voir absolument pour tout amateur de bis qui se respecte. Bon alors ouais, c'est pas du rape and revenge et c'est pas non plus du trash ou de l'exploitation - même si on rentre dans la catégorie de la nunsploitation techniquement - mais on est plus ici dans une certaine recherche ambiante et esthétique. Du bis intello un peu. Mattei on oublie. Mais justement. C'est intéressant. 

Intéressant parce que malgré un budget extrêmement limité, celui-ci déploie malgré tout un florilège de qualités assez notables à travers un ensemble de registres thématiques et esthétiques assez riches. Passant du symbolisme à l'horreur pure (et plutôt sanglant), de la poésie au fantastique, le film de Moctezuma réussit un peu à hypnotiser. 

Pas étranger à un certain mouvement surréaliste, le réalisateur est l'ami d'un certain Alejandro Jodorowsky - ceci explique sans doute cela - et en est également le producteur, puisqu'il a produit Fando et Lis et de El Topo. Seulement, à la différence du Chilien mystique, Moctezuma développe dans Alucarda une histoire beaucoup moins cryptique et hermétique. Simple, allant à l'essentiel à travers son petit 78 minutes, la narration est limpide et va droit au but. Le film réussit le pas évident jeu d'équilibriste entre suffisamment lent pour développer une ambiance envoutante, tout en n'hésitant pas à accélérer le mouvement pour mieux exprimer toute l'hystérie orgiaque, païenne et blasphématoire qu'il invoque parfois. Et c'est plutôt du bon taf. Surtout que ça invoque parfois le gothique de la Hammer - enfin toute proportion gardée - et l'ensemble est parcouru d'une proposition visuelle et d'images parfois marquantes. 

 

Avis Alucarda


Le film exprime une certaine neutralité par rapport à son sujet ne se montrant néanmoins pas forcément tendre avec la religion mais sans totalement la condamner non plus - d'autant plus que l'on est ici en pleine proposition horrifique et fantastique. Donc forcément. Comme le surnaturel existe, que les forces du mal sont présentes, dieu aussi est forcément dans le tableau ce qui peut amoindrir la potentielle absurdité de tout ça. C'est pas Les Diables de Ken Russel quoi - même si on pourra quand même fugacement y penser dans l'hystérie dont je parlais plus haut. 

Pourtant malgré ça il y a toute une série de dualités intéressantes : la religion catholique bien sûr versus les forces démoniaques ; la science versus la superstition et l'obscurantisme ; la norme, la vertu et la morale versus l'expression d'une liberté blasphématoire, dont la passion entre Alucarda et Justine dépasse malgré tout la simple et platonique amitié, et ne pourra s'exprimer que dans la communion avec les puissances ténébreuses, puisque condamnée par l'autorité Catho.

 

Avis Alucarda

Mais loin de tout angélisme dans le traitement d'une passion interdite, la relation entre Alucarda et Justine se montre beaucoup plus complexe que ça. Relation quasi toxique, amour presque forcé, imposé, Justine (dont le nom est une référence évidente et totalement assumée à Sade - et hop, j'enroule mon écharpe et remonte mes lunettes de petit connard) (et comme en plus j'en porte pas de lunettes et que foutre une écharpe en juillet c'est complétement con, tout ça est bien débile, faut l'admettre) Justine disais-je se retrouve plus victime que complice dans ce rapprochement considéré comme impie. Une dégradation totale de l'innocence et elle en paiera le prix.

Alors bien entendu comme je le disais, on est ici en plein dans le bis 70s, nécessitant quand même un minimum de tolérance pour cette approche singulière, à la texture particulière, et au budget limité. Cela dit, ce manque n'impacte à mon sens jamais vraiment les ambitions du film et Alucarda se montre au final plutôt efficace. Tout le cast - évidement porté par le duo Tina Romero et Susana Kamini - s'en sort très bien. Et l'ensemble, comme déjà dit, emporte avec efficacité le spectateur à travers une recherche ambiante et plastique plus qu’intéressante. 

 

Avis Alucarda



-MacReady-

 

Film disponible sur la plateforme SHADOWZ

 

Film cité dans l'article et disponible sur le blog :

- Les Diables


Commentaires

  1. Revu il n'y pas si longtemps et j'aime toujours autant son ambiance et son imagerie

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    1. Ouais ça fonctionne, ouais. Typiquement le film où au début t'as un peu peur et tu dis vraiment je suis dans l'enfer du bis (bon après perso j'aime bien) et puis peu à peu le film te surprenant, justement par l'ambiance, l'imagerie, la violence aussi - j'ai pas hyper insisté là-dessus mais quand même. C'est pas gore, loin loin de là, mais assez marquant parfois à ce niveau, ouais.

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  2. je vais me le programmer sur Shadowz !! Moi et les films avec religion <3

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