M3gan [Gerard Johnstone]

 

Avis Critique M3gan Gerard Johnstone James Wan Jason Blum

 
Réalisation : Gerard Johnstone

Année : 2022

Pays : États-Unis

Casting : Allison Williams, Violet McGraw, Ronny Chieng

Durée : 1h42

Note : 4/6 (MacReady)

 

Réalisé par Gerard Johnstone - qui s'était déjà illustré dans la comédie horrifique en 2014 avec Housebound - basé sur une histoire de James Wan, qui coproduira le film aux côtés de Jason Blum, M3gan nous propose un film revisitant le genre de la poupée tueuse sous l'angle de la technologie défaillante et de l'intelligence artificielle devenue meurtrière à cause de son premier degré un peu con. Rien de véritablement neuf sous le soleil - d'autant plus que le remake de Chucky sorti en 2019 proposait exactement la même chose - M3gan réussit néanmoins à se démarquer et à nous offrir un bon petit film d'horreur inoffensif mais assez fun, plutôt solide, et avec un petit ton ironique assez sympa.

 

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L'histoire : Suite à la mort soudaine de ses parents, la petite Cady est recueillie par sa tante, Gemma, roboticienne dans une compagnie de jouets. Face aux difficultés à gérer cette nouvelle vie et désarmée face aux traumatismes de sa nièce, Gemma va développer et offrir à l'enfant M3gan (acronyme de Model 3 Generative Android) une poupée robot hyper développée pour la divertir et prendre soin d'elle.

Une base scénaristique assez classique, autant dans le changement brutal d'environnement que vis-à-vis des difficultés et des traumatismes à affronter et dépasser pour que cette nouvelle cellule familiale fonctionne, avec un développement qui lui aussi se montrera classique et attendu, M3gan réussit néanmoins à jongler avec ces différents éléments usés jusqu'à la corde de manière assez ludique par la solidité de sa mise en scène et par le rendu visuel de sa poupée 2.0, mais également par un jeu assez habile dans l'expression d'une tonalité en constant équilibre entre sérieux et fun. C'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle James Wan et Jason Blum se sont tournés vers Gerard Johnstone pour la réalisation qui, comme dit en intro, a déjà de l'expérience dans l'exercice de la comédie horrifique. Alors si ici le terme comédie serait un poil exagéré, on trouve pourtant néanmoins de nombreux éléments presque typiquement 80s - que cela soit à travers certaines situations, à travers certains rôles secondaires - diffusant une sorte de légèreté ou de décalage assez attachant dynamisant l'ensemble, sans pour autant diminuer les aspects les plus sérieux et symboliques de l'histoire proposée, et sans non plus diminuer le caractère inquiétant de la menace.

 

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Car ce décalage s'exprime aussi - et tout aussi efficacement - dans "l'inquiétante étrangeté" immanente générée par la présence et l'aspect de cette poupée robot. Une étrangeté s'exprimant par les paradoxes mêmes engendrés par le concept. À la fois expressive mais sans émotion, robotique mais pourtant fluide dans ses mouvements, perspicace dans ses analyses mais incomplète et froide dans ses raisonnements, à l'apparence humaine mais pourtant dénuée de vie, de chaleur, M3gan en impose pas mal. Aussi inquiétante par sa mobilité que par son immobilité, déstabilisante par son autonomie et ses réactions, la poupée dégage une aura assez fascinante. Puissante même. Bien entendu, la problématique même de la robotique et des intelligences artificielles infusée dans la pop culture depuis des dizaines de décennies, autant en littérature qu'au cinéma, gonfle presque inconsciemment cette aura, terminant d'ancrer les questionnements soulevés par cette problématique dans un contexte de plus en plus contemporain. Mais même sans cela, juste visuellement - par le soin apporté au design et à la mise en valeur de cette poupée - le film arrive sans peine à l'imposer efficacement. C'est plutôt bien joué.

 

Avis Critique M3gan Gerard Johnstone James Wan Jason Blum
 

Bien entendu, le film de Johnstone n'est pas non plus exempt de défauts. Parfois, le caractère un peu attendu du développement place le film sur des rails un peu trop visibles, un peu trop prévisibles. Bien entendu, cet aspect entraîne une attente impactant parfois le rythme. C'est tellement classique que dès le début, on sait parfaitement vers où cela se dirige. Du coup, avoir autant d'avance sur les personnages et l'intrigue nous place dans une position nous imposant patience avant qu'enfin cela se réveille un peu. Et lorsque cela se réveille un peu, le film se montre un peu trop sage. Pourtant, par toutes les qualités déjà exposées, le film se suit agréablement bien, soulignant d'autant plus les vraies réussites le composant. Le caractère sage, par exemple, allié à la légèreté déjà exposée plus haut, place presque le film dans la catégorie "film d'horreur familial", un genre un peu oublié lui aussi typiquement 80s, mais sans réelle citation, gardant un aspect très moderne. Et cela donne un côté assez frais à cette production. Du caractère.

 

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Au final, cet ensemble d'éléments parfois disparates - le sérieux de la symbolique face à la légèreté de la dynamique, les questionnements existentiels concernant les IA typiquement science-fictionnelles s'exprimant pourtant dans un cadre horrifique fun, presque familial,  - se mélangent plutôt bien et arrivent à proposer non pas un film incroyable par sa singularité, mais un divertissement aussi bien tenu qu'éminemment sympathique. Perso, je serais vraiment pas contre une suite.

-MacReady-

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