Last Shift [Anthony DiBlasi]

 

Réalisation : Anthony DiBlasi

Année : 2014

Pays : États-Unis

Casting : Juliana Harkavy, Joshua Mikel, Sarah Sculco

Durée : 1h28

Note : 3/6 (MacReady)

 

Film d'horreur sorti en 2014 et un peu passé sous le radar, réalisé par Anthony DiBlasi, surtout plus ou moins connu pour avoir produit trois films adaptant des nouvelles de Clive Barker (Midnight Meat Train en 2008, Livre de Sang en 2009 et Dread également en 2009), Last Shift  se montre assez correct, possède quelques idées sympas et fait montre d'une approche assez frontale et vénère dans ses apparitions pour un film de ce genre. Et ça finalement c'est plutôt cool. Plutôt cool, mais néanmoins souffrant des défauts de ses qualités. 

 

Une jeune flic sortant à peine de l'académie, fille d'un policier hyper réputé mort en service, est chargée pour sa première mission de surveiller seule toute une nuit un commissariat déserté pour cause de relocalisation. Mission simple, les lignes d'urgence sont coupées, rien à faire, à part attendre l'équipe de nettoyage avant fermeture définitive le lendemain matin. Pourtant, elle ne cessera de recevoir des appels d'une femme terrifiée et prétendant être captive d'une secte et d'être confrontée à des phénomènes plus qu'étranges dans le commissariat.

Pitch assez simple et se développant de manière assez efficace, Last Shift nous propose donc un huis clos pas dégueu niveau gestion du rythme - assez lent pour instiller une aura mystérieuse et angoissante, avant d'accélérer violemment face à ses différentes apparitions et de nous les révéler à travers quelques dispositifs scéniques sympas. Le film à ce niveau est généreux et nous présente une menace, simple, mais quand même visuellement intéressante. Juliana Harkavy - que l'on a surtout vu à la télé dans le Arrowverse à travers son rôle de Black Canary dans les séries Arrow, Flash et Legend of Tomorrow - porte le film sur ses épaules et s'en sort bien. 

 

Seulement comme je le disais, le film porte en son sein les défauts même de ses qualités. En effet, le caractère frontal, vénère, et cette gestion du rythme n'hésitant pas à ne pas non plus trop faire lambiner les choses, a un effet assez problématique sur le perso principal : elle en devient un peu con. Parce que personnellement, à sa place, au bout d'une demie heure de film à peine, vu ce dont elle est témoin, je me serais déjà barré en courant. Elle non. Pire, elle tergiverse, elle se pose des questions un peu débiles, elle sait pas trop. Ce caractère hésitant pénalise non seulement la représentation que l'on peut avoir du personnage, notre attachement à elle donc, mais également l'intégralité du film dans un effet de ricochet plutôt malheureux. Bien sûr tout cela est justifié par le scénar - volonté de vouloir assurer sa première mission, sens du devoir, rapport au père et à sa propre carrière - mais ça reste compliqué quand même et plus d'une fois j'ai personnellement eu envie de la secouer un peu, avant de platement abandonner et de conclure que oui, non, en fait elle est très très con. 

 

Cela étant dit malgré ça je n'ai pas non plus envie d'être trop méchant et de tout balancer aux orties. Comme dit le film a des qualités, il est quand même bien tenu, sait jouer de son faible budget pour proposer des scènes notables et se démarque néanmoins du tout venant de la production horrifique surnaturelle dont nous sommes abreuvés jusqu'à l'écœurement. Il peut se montrer ingénieux même parfois et on sent sans soucis la volonté du réal de véritablement proposer quelque chose de solide et de ne pas simplement surfer paresseusement sur un genre, de base, limité. DiBlasi gère bien le caractère oppressant de l'environnement, rythme son film assez efficacement et l'ensemble se suit agréablement. Et rien que pour ça, ça mérite quand même d'être noté et loué.  

-MacReady-