Malignant [James Wan]

 

Critique Malignant James Wan

 

Réalisation :  James Wan

Année : 2021

Pays : États-Unis

Casting : Annabelle Wallis, Maddie Hasson, George Young

Durée : 1h51

Note : 5/6 (MacReady)

 

Retour en mode détente par la case horreur pour James Wan entre deux films de super-slips de bain avec son héros biker amphibie et alcoolique (Aquaman sorti en 2018 et dont le deuxième opus est au moment où je rédige cet article actuellement en tournage), Malignant va proposer autant pour le réalisateur que pour le public une petite ouverture de fenêtre sympathique, rafraichissant agréablement l'atmosphère un poil sérieuse, voir même parfois pompeuse, de la production horrifique actuelle.  Et honnêtement ça fait du bien. Ça commençait à sentir un peu le renfermé dans les vestiaires des moultes déclinaisons cheaps et sans saveur (du film de zombie, au film de fantômes/possession/exorcisme) et encore plus dans l'amphithéâtre relou du elevated horror.

L'histoire : Madison est paralysée par des visions choquantes de meurtres macabres et son tourment s'aggrave lorsqu'elle découvre que ces rêves éveillés sont en fait des réalités terrifiantes.

 

Critique Malignant James Wan

 

James Wan a toujours évolué sur le fil du rasoir. Si ses autres métrages du genre réussissaient à trouver un certain équilibre tonal dans les différentes propositions qu'ils établissaient, il y avait pourtant déjà ce petit grain de folie en gestation, mais souvent contrebalancé par la nature même des projets. Pourtant oui, c'était déjà là : dans Dead Silence, dans ses deux Insidious avec le Darth Maul satanique et la mariée, ou même la nonne du deuxième Conjuring. Personnellement c'est ce qui m'a toujours plu chez lui. Ces petits moments de folie, ces petits moments pouvant flirter, s'exprimer à la lisière de la bisserie, voir s'y engager complétement. Ces moments éparses étaient déjà rafraichissants et apportaient à l'ensemble une texture, une saveur, une volonté de jouer, de s'amuser, de se lâcher. Malignant quant à lui va entièrement se développer sur cette pulsion bis (et fun) et proposer, quitte à s'aliéner une partie de la critique et du public, un film n'ayant jamais peur d'y aller à fond dans l'outrance, dans le grotesque et dans l'expression d'une certaine forme de lâcher prise aussi réjouissante que foncièrement salvatrice.


Critique Malignant James Wan

Le film est donc fun, les citations - habituelles chez Wan et ici encore très présentes dans le film, - de certaines œuvres des 60s et 70s (Bava, Argento, et le giallo en général) se développent ici à travers ses caractéristiques narratives et plastiques, mais l'ensemble s'orientant principalement, étant drivé, propulsé, par un dynamisme et une sorte de volonté typiquement 80s de ne jamais se soucier, s'embarrasser, d'un ancrage timide à la vraisemblance et d'une course frénétique à la respectabilité, au bon goût. Et faut avouer que ça fait plaisir. Certains trouveront ça con, moi je trouve juste ça bon. Le film, disais-je, est donc fun, drôle, rythmé - j'aurais pas craché sur une dizaine de minutes en moins cela-dit, mais ça passe - ponctué de meurtres plutôt sympas, dont l'apparente sériosité ponctuelle est systématiquement désamorcée par des dialogues et une direction d'acteur n'ayant pas peur de basculer dans une espèce de grandiloquence à la limite du second degré improbable, et dont le twist final achèvera de transformer le tout en immense nawakerie irrésistible. 

 

Critique Malignant James Wan


Malignant réussit donc parfaitement son entreprise de lâcher prise, de proposer quelque chose qu'on ne retrouve plus que rarement - encore moins à travers une production d'un grand studio comme Warner - et de nous offrir un truc plus que réjouissant par son improbabilité. C'est certainement pas le James Wan le plus classe, c'est peut-être pas le plus maitrisé, le plus équilibré, mais perso, j'annonce : c'est clairement un de mes préférés.

-MacReady-

 

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