Réalisation : Teruo Ishii
Année : 1973
Pays : Japon
Autres titres : Les Huit Vertus bafouées, Code of the Forgotten Eight
Casting : Tetsuro Tamba, Yuriko Otonashi, Keiko Aikawa...
Durée : 1h21
Note : 5/6 (Vixen)
Vous reprendrez bien un peu de Teruo Ishii, et de pinku-chambara ultraviolent sous LSD ?
...Surtout s'il débute par un plan tel que celui-ci :
La silhouette qui se découpe si élégamment au centre de cette délicate composition est celle de Shino Asu, un ronin nihiliste qui s'abîme dans l'alcool et les femmes. Lassé par un monde qu'il juge vide de sens et semblable à l'enfer, il tente en vain de se suicider avant de s'acoquiner avec le clan Bohachi, une secte de criminels sadiques et dépravés régnant sur le quartier des plaisirs de Tokyo. Engagé comme assassin pour démanteler les bordels clandestins qui nuisent au clan, Asu n'est pourtant pas dupe des manipulations dont il est le jouet : le dénouement de cette sombre et cruelle histoire, on s'en doute, sera forcément sanglant. TRÈS sanglant.
L'autre coup de génie du film est d'avoir confié le rôle du loup solitaire à Tetsurō Tanba. L'acteur fétiche du réalisateur, dont le légendaire pedigree fait blêmir (Hara Kiri, Goyokin, Kwaidan...et Story of Ricky ?!!) et qui avait alors dépassé la cinquantaine, est ici éblouissant de charisme : cheveux longs, mâchoire carrée, flegme minéral où passe l'ombre d'un sourire ironique, il est tout simplement parfait et rend justice à la complexité du personnage. Personnage qui apparaît au final comme le plus libre de tous puisque le clan Bohachi, obsédé par sa frénésie de péché et sa volonté de transgresser à tout prix le code moral des samouraï, devient l'esclave de son propre carcan de règles rigides.
Impossible donc de s'ennuyer devant un tel débordement de folie, d'autant que Teruo Ishii livre comme à son habitude un travail suprêmement stylisé, foisonnant de cadrages baroques et d'idées insolites. On perçoit une fois de plus le goût du cinéaste pour l'abstraction, en particulier lors des (nombreux) combats au sabre qui sont théâtralisés à l'extrême, mais les expérimentations formelles restent toujours au service de la narration, à l'image de ce climax dantesque où le héros drogué (de son plein gré) affronte une armée d'assaillants dans un festival de membres coupés et d'effets psychédéliques en tous genres.
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