Réalisation : Chantal Akerman
Année : 1999
Pays : Belgique
Durée : 1h11
Sud, l'art de l'immersion, ou comment la réalisatrice belge (Chantal Akerman), à travers des plans fixes, des travellings, filmant les paysages d'une ville du Sud des États Unis (des arbres, une route, des quartiers, un champ de cotons,...) réussi à faire parler le passé, à l'évoquer et l'invoquer par le présent et vice versa (1998 au moment du tournage, mais faisant également écho à notre présent).
En fond il y a un crime raciste ayant eu lieu dans la ville de Jasper au Texas. James Byrd Jr., un noir handicapé lynché par trois blancs. Je n'en dirai pas plus, mais l’évocation du meurtre par des locaux, de sa violence, fait véritablement froid dans le dos.
Sud est un documentaire/film contemplatif, limite atmosphérique, qui j'en conviens pourra certainement en rebuter certains même s'il ne dure que 71mn. Sobre, sans artifices (pas de musiques d’accompagnement, de voix-off, de superflu cherchant à émouvoir ou à te mettre sur des rails afin de te dire quoi penser, quoi y déceler), tout passe par les images, les décors, les paysages, les silences, les ambiances sonores des moments et des lieux filmés, mais également par la parole donnée à quelques habitants de la ville de Jasper.Avec Sud nous sommes imprégnés par les lieux. Des lieux qui font ressentir des choses. Des lieux qui parlent sans avoir besoin de mots, et c'est bien là la grande force de ce documentaire. Chantal Akerman évoque William Faulkner mais aussi James Baldwin. Pour conclure, je vais citer la réalisatrice : Ce film n'est pas l'autopsie de ce meurtre, du lynchage d'un noir par trois jeunes blancs, mais plutôt comment celui-ci vient s'inscrire dans un paysage tant mental que physique.
- Georgie -
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