Quarantaines [Collectif]


Réalisation : Rock Brenner, Arnaud Delecrin, Rafael Cherkaski, Jean-Marie Villeneuve, Jacob Reynolds, Bruno Raciti, Julia Patey, Rémi Noëll, Gauthier Humbert, Athena Han

Année : 2021

Pays : France 

Casting : Jung Samotracia, Jian Ping Su, Jean-Marie Villeneuve, Rafael Cherkaski...

Durée : 1h13

Note :   4/6 (Georgie)
 

Quarantaines est un projet porté par Rock Brenner (réalisateur, acteur, mais également l'une des personnes derrière le portail de cinéma à la demande Outbuster). Ce long-métrage regroupe dix segments ayant pour particularité d'avoir été tournés lors du premier confinement en mars 2020. Derrière ses différents courts-métrages nous trouvons des artistes français, italien, taiwanais, américain, dont la plupart ne vous seront sans doute pas familiers (ce qui est mon cas) mais qui pour d'autres résonneront peut-être à vos oreilles, comme par exemple Rafael Cherkaski, réalisateur du très chouette Sorgoï Prakov, my european dream (2013) qui nous embarque aux cotés d'un journaliste venant d'un pays de l'Est imaginaire sombrer dans la pure folie, ou alors Jacob Reynolds, l'interprète de Solomon dans le film culte d'Harmony Korine, Gummo (1997).



L’univers de Quarantaines se situe entre l'étrange, l'humour noir, le clip musical, l'expérimental, le grave et le léger. L’assemblage de tous ces segments réussi à nous hypnotiser et nous nous laissons transporter par toutes ses propositions artistiques aussi divers les unes que les autres. Un homme cueillant des fleurs dans un magnifique paysage brumeux dont nous suivrons son parcours énigmatique comme fil rouge, une farce malsaine entre deux potes mais cruellement drôle, un artiste bloqué dans un hôtel se livrant à une transe artistique chelou, un homme pratiquant le bondage, un poisson rouge dans un bocal... Bref, chaque artiste exprimant avec sa sensibilité les sentiments résultant de cet enfermement subi et contraignant en extériorisant ses émotions.

 


Évidemment une inégalité se fait ressentir entre certains segments, mais cela est inhérent au format que nous propose Quarantaines et également à notre propre sensibilité. Un seul court-métrage m'a réellement fait décrocher, lui reprochant de vouloir trop faire film ''traditionnel'' dans sa réalisation et dont j'ai trouvé le sujet un peu trop ''adolescent''. Mais Quarantaines réussi à nous offrir un ensemble inexplicablement cohérent et à nous embarquer dans un voyage artistique. Parmi tous ces courts-métrages mes préférés sont Torture Cam, une proposition sobre dans sa forme et cruellement drôle de Rock Brenner. Lumen, un très beau film d'animation de Gauthier Humbert qui nous consume comme une flamme. Curved Mirror, un clip musical de Arnaud Delecrin (sur une très bonne musique synthétique composée par Motel Odessa) ayant un aspect white trash dans sa réalisation/son montage. Hotel Foder et son ''délire'' hors-sol de Rafael Cherkaski. Et enfin Memory of a solo diary de Brunno Raciti, qui dans son ambiance et dans certains plans (même si cela ne saute pas forcement aux yeux) m'a fait penser aux premières œuvres de Douglas Buck. 

Quarantaines a également le bon goût d'accompagner son générique de fin d'un magnifique morceau, Fireflies Made Out of Dust, interprétée par Happy Jawbone Family Band. Morceau invitant au voyage mais dégageant également un certain spleen (merci pour la découverte).

 



Si vous êtes curieux, ouverts à un style de cinéma différent, un cinéma œuvrant vers une certaine marginalité, tentez Quarantaines. Certes, un film imparfait, mais avec une véritable proposition, celle de la création sans limites malgré le contexte particulier dans lequel nous nous trouvons. Une ode à l'expression artistique.

- Georgie -

Disponible sur la plateforme OUTBUSTER

 

Commentaires