Réalisation : Richard Stanley
Pays : Angleterre/États-Unis
Casting : Dylan McDermott, Stacey Travis, John Lynch...
Durée : 1h34
Note : 3/6 (MacReady)
Premier film écrit et réalisé par le Sud-Africain Richard Stanley - à qui l'on doit entre-autre Le souffle du démon (Dust Devil) ; qui a participé au poste de scénariste et de réalisateur à la casse-gueulerie infernale du projet L'île du Docteur Moreau avec Brando et Kilmer, avant de se faire virer et remplacer par John Frankenheimer ; qui a coécrit Abandonnée de Nacho Cerda et qui récemment s'est illustré avec le un peu poupou mais trés sympa quand même Color Out of Space avec Nic Cage - Hardware a autant réussi au fil de années à s'imposer qu'à diviser. Film totalement culte pour certains (c'est notamment l'un des films préféré de son compatriote Neill Blomkamp), ou film surcoté, un peu foiré, voir même un peu péteux pour d'autres, on ne peut pas vraiment dire que le film fasse l'unanimité.
Post-apo réalisé pour une bouchée de pain (un peu moins ou un peu plus selon les sources d'un million de dollar - ce qui fait quand même une bonne grosse miche, mais qui reste plutôt short pour faire un post-apo ambitieux) Hardware nous raconte l'histoire d'un monde aride, ravagé par les radiations où Jill, une artiste sculptrice sur métal (autant dire une profession importante pour aider l'humanité à s'en sortir) se fait offrir par son soldat de petit copain le crâne d'un robot trouvé dans le désert. Pas de bol, ce crâne appartient à une classe militaire expérimentale particulièrement agressive qui ne tardera pas à se réveiller.
Enfin tardera pas, si un peu quand même. Toute la première partie va évidemment servir de présentation à l'univers, essayant de palier au manque de budget assez conséquent du métrage comme il peut. Et c'est plutôt efficace. Stanley abuse un poil des filtres rouges et oranges, mais réussit néanmoins à proposer quelque chose de plus ou moins valide grâce à certains designs, certains décors et à sa photo. Le rendu global reste forcément très limité mais on sent de vraies capacités de débrouillardise et une certaine expérience malgré son jeune age. Réalisé alors qu'il n'avait que 24 ans, Richard Stanley s'était déjà fait la main sur des courts, des clips promo pour des entreprises et des grands groupes, mais surtout à travers son documentaire Voice of the Moon. Documentaire couvrant la guerre opposant l'URSS et l’Afghanistan, témoignant du retrait des troupes soviétiques et du plongeon du pays dans la guerre civile. Débrouillard et courageux donc - il a vu des combats et il a du vite évacuer le pays, son cameraman ayant été blessé. Bref, le chaos, la déliquescence d'une société et l'ambiance apocalyptique, il l'a vu, il connait, et il va se servir de tout ça pour enrichir le rendu visuel et l'ambiance du monde d'Hardware de manière assez efficace. Visuellement, mais également dans l'introduction d'une galerie de personnages participant à enrichir encore plus cet univers et ce sentiment de fin du monde. Pilleurs, receleurs, présentateur radio déversant ponctuellement son cynisme à travers les ondes, tout concourt à nous faire accepter ce monde sale et dégueulasse entrain de crever. Aussi sale et dégueulasse que le voisin de Jill d'ailleurs : voyeur gras, pervers et bien glauque, passant ses journées à l'espionner.
La deuxième partie quant à elle va nous montrer Jill essayer de survivre aux attaques du méchant robot, et c'est là où ça commence à se casser la gueule. Déjà le design du robot est assez moyen et bordélique. Comme déjà dit le budget est loin d'être ouf, mais ça n'excuse quand même pas tout. Heureusement, lucide, ce bon Stanley choisit de filmer son mécanique antagoniste en plans assez rapprochés pour essayer de limiter la casse - et faut admettre que parfois ça fonctionne, véhiculant un aspect abstrait et protéiforme inquiétant - mais qui échoue malgré tout à réellement impressionner. Ensuite il y a quand même plein d'éléments assez bizarres. Notamment une séquence hallucinatoire hyper grandiloquente un peu miteuse et un poil déplacée de par son hystérie, avec même quelques relents un poil prétentieux, agressifs dans son caractère frontal, tout sauf subtils et donc un peu vain. Gênant. Il y a également des séquences où la résistance et l'invulnérabilité de la machine à tuer est particulièrement étrange : des coups de shotgun dans la gueule, c'est bon il gère plus ou moins, mais alors des coups de batte de baseball, attention, là c'est chaud. Cela dit toute cette deuxième moitié n'est pas non plus complètement nulle et quelques passages assez violents, voir gores, réussissent à maintenir plus ou moins l'intérêt et à épicer l'ensemble.
Donc Hardware finalement, petite pépite méritant son statut de film culte ou nanar assez flingué ? Bah ni l'un ni l'autre. On est plutôt devant une série B un peu moyenne réussissant à éviter le Z parfois de manière plus ou moins efficace, parfois de justesse. En effet en étant honnête on ne peut que reconnaitre l'art de la débrouille de Richard Stanley à dépeindre avec un petit budget son thriller cyber-post-apo et son expérience - de terrain, littéralement - à dépeindre un monde entrain de complétement se casser la gueule. Le film dégage une certaine ambiance sale et poisseuse parfois intéressante, propose des images parfois marquantes et arrive à camoufler plutôt pas mal les limitations de son projet. Et si de temps en temps des trucs assez nuls, je trouve, viennent gripper la machine, j'ai personnellement envie d'être clément devant ce premier film boiteux mais pas non plus complétement désagréable. Et puis on ne peut pas non plus complétement évacuer la petite nostalgie de redécouvrir ce film après tant d'années jouant indéniablement dans la balance.
-MacReady-
J'en garde pas un grand souvenir, ça reste flou dans ma tête... mais par contre j'aime beaucoup son Dust Devil (Le Souffle du démon) qui me semble être assez singulier dans le genre. En tout cas j'adore son ambiance et son côté "western".
RépondreSupprimerPour zieuter la bd plagiée par le film (qui m'avait pas bien passionné à vrai dire...) : http://www.2000ad.org/?zone=thrill&page=thrillviewer&choice=shok&thrillpage=1
RépondreSupprimer2000 AD leur avait intenté un procès et ils ont dû ajouter la mention après coup au générique.
Ah bah super, merci. Dis tout de suite que je bosse pas mes sujets >< (non mais clair je savais pas su tout, merci)
SupprimerTout le plaisir est pour moi !
Supprimer"This is what you want...This is what you get..."
RépondreSupprimerGros souvenir du PIFFF où le film avait fait son petit effet. Tout comme Richard Stanley qui avait exposé les agissements de ce gros dégueulasse d'Harvey Weinstein bien avant la vague me-too. Apparemment le fait que l'actrice principale se soit enfermée dans sa chambre d’hôtel pour résister aux assauts du producteur a eu certaines conséquences sur le reste de sa carrière. Bon depuis, c'est Richard Stanley qui s'est également fait me-tooisé pour avoir tabasser sa compagne.