Dark Waters [Mariano Baino]

Avis Dark Waters Mariano Baino 1993


 Réalisation : Mariano Baino

Année : 1993

Pays : Britanno-ukraino-russo-italien

Casting : Louise Salter, Venera Simmons, Maria Kapnist...

Durée : 1h34

Note : 5/6 (MacReady)



Après la mort de son père, Elizabeth, une jeune anglaise, décide de visiter le couvent auquel son père effectuait des versements d'argent régulièrement. Situé sur une île reculée en Europe de l'Est, le lieu est occupé par des nonnes au comportement inquiétant.


Premier et seul long métrage de Mariano Baino- qui coécrira le scénario et s'occupera également des maquillages - Dark Waters (à ne pas confondre avec le film éponyme de Hideo Nakata, et encore moins avec le film de 2019 avec Mark Ruffalo) me semble avoir toujours été un peu oublié et être plus ou moins inconnu par les aficionado du genre, et c'est à mon sens vraiment dommage.

Le film est pourtant gorgé de qualités et de propositions intéressantes. Il nous offre un mélange assez réussi entre plusieurs genres et plusieurs tons (le giallo, le mystère, le trip hallucinatoire et mystique, le film gothique, le film fantastique), parfois frontal, parfois éthérée et suggestif, développant une ambiance bizarre, étrange, cauchemardesque, déversant tout le long du métrage des flagrances maritimes poisseuses presque écœurantes, et dont l'assemblage et la finalité de tous ces éléments concourent à nous offrir une retranscription esthétique et ambiante de l’œuvre d'Howard Phillip Lovecraft plutôt efficace.

 

Avis Dark Waters Mariano Baino 1993

 

Impossible de ne pas y penser face à cette communauté isolée, repliée sur elle-même, aux comportements plus qu'étranges, ce couvent avec ces nonnes dont les croyances semblent avoir totalement dérivées, perverties par des rites païens semblant être dédiés à une entité monstrueuse. Impossible de ne pas voir dans les nombreux cauchemars et hallucinations du personnage principal, dans cette impression qu'un destin maudit inaltérable se resserre peu à peu sur elle, les différentes mécaniques Lovecraftiennes. Proposition totalement assumée par le réalisateur qui signe ici l'une des adaptations officieuses à mon sens des plus réussies de l'écrivain.  

 

Avis Dark Waters Mariano Baino 1993

Premier long métrage et faible budget, le film est malgré tout assez maitrisé. Et le plus balaise, il me semble, c'est que même les défauts (bien présents, ne nous le cachons pas : notamment un cast pas toujours très juste, c'est le moins que l'on puisse dire) participent entièrement à l'ambiance étrange qui se dégage du métrage. Le ryhtme est oscillant, assez lent pour permettre l'immersion contemplative et ambiante, et parfois plus tendu. Comme je le disais il oscille aussi parfois entre le pur suggestif et le frontal - notamment dans son final essayant de réunir ces deux opposés. La réal et la photo épousent également cette oscillation : parfois minimaliste et cheap, parfois très élaborée et symbolique, exprimant à mon sens très bien cet "entre deux eaux" dans lesquelles se retrouve peu à peu plongée l’héroïne du film, entre cauchemar et réalité, entre raison et mysticisme .

 

Avis Dark Waters Mariano Baino 1993


Pour toutes ces raisons Dark Waters est à mon sens un film à redécouvrir ou à découvrir, un film fragile, encore une fois pas exempt de défauts, mais particulièrement intéressant par ces ambitions, ces ambiances, ces propositions visuelles et son traitement particulier.  


- MacReady -

 

Sorti chez The Ecstasy of Films

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