Tyrannosaur [Paddy Considine]

Réalisation : Paddy Considine

Année : 2011

Pays : Royaume-Unis  

Casting : Peter Mullan, Olivia Colman❤️, Archie Lal...

Durée : 1h31

Note : 6/6 (Dahlia)

Note : 6/6 (Georgie) 

 

♫ Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ♫
Johnny Hallyday (1943-2017)

Dans un quartier populaire de Glasgow, Joseph, va croiser la route de Hannah, tous les deux en proie à une vie de merde infernale, ce mal de vivre qui vous ronge entouré de connards... Chacun va sentir le besoin de l'autre...

Ça fait mal, le cœur est serré autant que la gorge. Le film dégage une beauté douloureuse puissante. Premier film de Paddy Considine, à la base un excellent acteur qui n'a malheureusement pas la carrière qu'il mérite mais qu'on a pu voir tenir le premier rôle dans Dead Man's Shoes de Shane Meadows où il était tout bonnement parfait/fantastique (il restera plus connu d'un large public pour son troisième rôle dans Hot Fuzz d'Edgar Wright). Ce film est né d'un court métrage, sa toute première réalisation, Dog Altogether (de 2007, que je n'ai pas vu) mais qui met en scène le même personnage de Joseph, un homme détruit à la vie pas très rose et surtout interprété par le même duo d'acteur.

Peter Mullan et Olivia Coleman absolument incroyables... D'une justesse qui broie l'estomac... en jouant des êtres dévastés et seuls, dont chaque jour est devenu un combat.

La réalisation est surprenante pour une première, une mise en scène plus que soignée, des plans fixes captivants. Ça reste sobre malgré la violence physique et psychologique ambiante. Jamais dans le m'a tu vu poussif, ni dans le larmoyant, c'est simplement criant de vérité, ce qui rend la chose plus difficile à regarder, à supporter. Mais dans toute cette merde la rencontre de ces deux personnages que tout oppose est magnifique, une lueur d'espoir dans cet abîme de désespoir.

Une gifle voire un poteau dans la gueule, j'en ai eu mal au ventre tellement certains sujets peuvent résonner un peu trop sensiblement au niveau des tripes.

-Dahlia-

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Second visionnage pour ce Tyrannosaur, vu une première fois lors de sa sortie ciné, et à nouveau il m'a pris aux tripes, retourné l'estomac et fait couler des larmes.

Par le biais de son premier long-métrage ("adaptation" de son court Dog Altogether reprenant le même cast principal), Paddy Considine nous plonge dans un Glasgow populaire socialement ravagé ou l'espoir ne semble n'avoir jamais existé. Ici tout est gris, on se noie dans l'alcool, on compte sur les paris pour se faire un peu d'argent et ainsi divaguer sur un futur plus confortable, on côtoie les bookmakers (des étrangers de surcroît !), on se sert les coudes, naviguant en petit clan, restreint, faut dire qu'on a été un salopard et le retour de bâton se fait sentir. On chante, on danse et on trinque en l'honneur des morts... Bref, on n'essaye d'avancer comme on peut, de survivre. Mais quel en est la finalité ? 

 

D'un côté, l'excellent Peter Mullan, incarnant un personnage tourmenté, psychologiquement détruit, à fleur de peau, bête sauvage éructant sa haine des autres, mais surtout de lui-même. A la lisière de la folie vers une inexorable descente autodestructrice où sa colère ne peut s'extérioriser qu'à travers la violence. Alors on vocifère, on casse à coup de masse, boule de nerf gérant ses émotions par la gouaille, les coups et la méchanceté...

 

De l'autre, Olivia Colman, nous démontrant déjà son immense talent (d'une justesse monstre et incroyablement touchante) à travers son personnage de femme croyante, mariée, réconfortante et généreuse envers son prochain, venant des beaux quartiers... En somme une vie posée, loin du tumulte de celui des petites gens. Mais tout est-il aussi simple qu'il semble l'être ?  Que cache ce visage avenant et souriant ? D'où vient cette fragilité apparente ?

Ces deux êtres paumés, solitaires, se rencontreront et au fil du temps le vernis se fissurera. Chacun d'eux trouvera en l'autre ce dont il aura besoin pour avancer et continuer à vivre dans un semblant d’apaisement.

Avec ce premier film d'une maîtrise rare, Paddy Considine frappe fort, très fort... Du Ken Loach vénère coup-de-poing-dans-la-gueule, qui à travers un récit sombre réussira à nous offrir une petite lumière d'espoir... Le chemin pour y accéder ne sera pas aisé et le prix à payer ne sera pas anodin. Au risque de radoter, Peter Mullan et Olivia Colman sont tous deux excellents dans leur interprétation, avec tout de même une mention spéciale pour Olivia que je trouve incroyable ! Elle m'a bouleversé dans son jeu et par les émotions qu'elle m'a transmise. Je ne peux que vous conseiller très fortement Tyrannosaur !

- Georgie -