L.I.E. - Long Island Expressway [Michael Cuesta]



Avis film L.I.E. (2001) de Michael Cuesta drame avec Paul Dano et Brian Cox

Réalisation : Michael Cuesta

Année : 2001

Pays : État-Unis

Casting : Paul Dano, Brian Cox, Bruce Altman, Billy Kay...

Durée : 1h37

Note :  5/6 (Dahlia et Georgie)
 
Dès sa scène d'introduction nous renvoyant au générique d'ouverture de Gummo d'Harmony Korine, L.I.E., premier long-métrage de Michael Cuesta, nous a happé.

Howie, 15 ans, traîne depuis peu avec Gary, un petit délinquant (dont il commence à éprouver une forte attirance) qui l'initie aux cambriolages, jusqu'au soir où ils s'attaquent à la maison d'un homme appelé Big John, membre actif et important de la communauté. A partir de là, une relation étonnante, voire même carrément déstabilisante pour le spectateur, va se tisser entre ces deux personnages.

Avis L.I.E. (2001) de Michael Cuesta

Impossible de ne pas penser à Larry Clark dans l'ambiance, le traitement de ses personnages ou encore dans les thèmes abordés. En effet, Michael Cuesta (12 and Holding, Tell Tale, Secret d'État) va filmer façon Clark, le quotidien (et les corps) de ses ados désabusés livrés à eux-même, sous fond de sexualité naissante et d'attirance charnelle. Mais l’intérêt du long-métrage ne s'arrête pas seulement à la chronique d'une jeunesse en perdition. Bien au contraire, l'histoire va prendre une tournure pour le moins déconcertante lorsque Big John entrera en scène et fera la connaissance de Howie, interprété par un Paul Danno tout jeunot d'une justesse incroyable, tellement touchante.

Avis L.I.E. (2001) de Michael Cuesta

D'une façon remarquablement originale et intelligente, de par le traitement du personnage de Big John, Michael Cuesta va également aborder le thème de la pédophilie et nous conter une histoire d'Amour.  
De prédateur en chasse, reniflant l'arrière d'une poche de blue-jean appartenant à Howie, Big John va devenir figure parentale de substitution. Cette transition ne se fera pas en un clin d’œil. Tous deux vont apprendre à se découvrir, se retrouvant dans la littérature, l'amour de la poésie et du cinéma... Dialoguant même parfois par répliques de films (Casablanca)... 

Big John, arrière-pensées malsaines en tête, va se retrouver désarçonner face à un Howie cultivé et sensible, loin d'un outcast sans avenir, proie facile qu'il a pour habitude de chasser. Big John va alors se révéler, devenant personnage délicat, intentionné et d'une pudeur diamétralement opposé de ce qu'il était en début de film (cf, la scène glaçante de la vidéo). Jamais il ne profitera de Howie lorsque les occasions se présenteront, créant même une distance jusqu'à repousser ses avances. Big John va l'aider à se construire et à s'affirmer, lui redonnant une certaine confiance en la vie. Passage initiatique vers l'age adulte.

Avis L.I.E. (2001) de Michael Cuesta

L'une des force et originalité de L.I.E est le traitement différent de ce type de personnage. Personnage intelligemment traité comme un homme dans son ensemble. Il n'est pas simplement caractérisé comme un pédophile, un ''monstre'', mais comme un homme à part entière rempli de contradictions. A la fois repoussant par certains aspects, et extrêmement touchant par d'autres. De ce fait, des émotions contradictoires vont se bousculer dans la tête du spectateur, et réussir cela nous semble très fort de la part du réalisateur.

A noter également l'excellente interprétation de Brian Cox en Big John, personnage véritablement casse-gueule, qui par son jeu et son physique réussi à nous plonger dans ce maelström d'émotions contradictoires.

Avis L.I.E. (2001) de Michael Cuesta 
 
L.I.E aura ses instants de malaises mais aussi ses moments poétiques, d'insouciances... Des premiers émois à la prostitution... De la solitude à la reconstruction... Récit initiatique et film d'Amour au sujet osé.
- Tu sais, tu peux revenir ici après. Demande ce que tu veux. Je suis là.
- Baiser par exemple ?
- Sois pas grossier Howard, je parle d'amitié, d'aide, d'un toi au besoin
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 - Dahlia et Georgie -

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