Porcherie [Pier Paolo Pasolini]

Avis de Porcherie film de Pier Paolo Pasolini

Réalisation : Pier Paolo Pasolini

Année : 1969

Pays : Italie   

Casting : Pierre Clémenti, Jean-Pierre Léaud, Alberto Lionello...

Durée : 1h39

Note : Pasolini/6 (Georgie)
 
 
 « J'ai tué mon père, mangé de la chair humaine et frissonné de joie » 
 

Drôle de film et drôle de ressenti que laisse ce Porcherie / Porcile (1969) de Pasolini. Une histoire où s'entremêle deux récits, deux époques. L'une qui semble se situer dans l'ère médiévale et l'autre dans une Allemagne contemporaine. La première dans un silence de mort, et la seconde dans un dégueulis de mots. L'une sous fond de cannibalisme et l'autre sous fond de zoophilie. L'une se déroulant dans un décors désertique, grisâtre, au pied de l'Etna, et l'autre dans une demeure bourgeoise d’industriel avec pour point commun entre les deux, une austérité. L'une très corporelle, et l'autre très cérébrale, intellectuelle.  


Avis du film Porcherie de Pasolini 
 
Absolument rien à redire sur la partie médiévale, silencieusement planante, dont les décors désertiques et vaporeux vous hypnotisent et vous transportent dans ce récit de cas limite (pour reprendre l'expression de Paso). Récit qui, entre autres, relira dans leur finalité le personnage joué par Pierre Clémenti (époque médiévale) et celui interprété par Jean-Pierre Léaud (époque contemporaine).

La partie contemporaine à priori moins engageante car débutant de manière pompeuse à travers des dialogues entre deux personnages interprétés par Jean-Pierre Léaud et Anne Wiazemsky et semblant limite sortir de la Nouvelle Vague (sûr qu'avec ces deux acteurs là, le parallèle est vite fait) à base d'échanges plus ou moins abscons, mais parfois pertinents, entre une jeunesse (bourgeoise) contestataire et l'une indéchiffrable située dans un entre-deux hors norme, m'ont fait craindre le pire quant à cette partie (heureusement entrecoupée par celle médiévale). MAIS, rapidement la donne change avec l'arrivée de dialogues absolument jouissifs dans ce qu'ils ont de plus dégueulasses, et ce, par l' intermédiaire de personnages totalement cyniques, interprétés par Alberto Lionello (industriel au faciès hitlérien), Marco Ferreri et Ugo Tognazzi (industriel, ancien sympathisant nazi et même criminel de guerre). A partir de cet instant, le bal de la porcherie est lancé. 

 

 

Religion, sexualité, nazisme, capitalisme, cannibalisme, zoophilie, égoïsme... L'homme n'est pas un loup pour l'homme... Non, il est un porc, dévorant tout... à l'instar de la société. Porcherie, film militant, posant un regard pessimiste sur l'Homme. Austère, drôle dans ses propos violents, parfois chiant (les séquences Jean-Pierre Léaud et Anne Wiazemsky, mais très vite oubliées). Long-métrage métaphorique, allégorique, exigeant, pouvant parfois laisser de côté le spectateur, le perdre (mais peu importe car il y a tout un tas de choses à choper). A la fois extrêmement verbeux et extrêmement silencieux.  

Porcherie, film qui dans son imperfection le rend atypique. Un long-métrage qui me reste en tête et qui m'évoque quelque chose d'indéfinissable. Ouais un drôle de film pour un drôle de ressenti.   

- Georgie -

Disponible chez LCJ Editions

Autre film de Pier Paolo Pasolini disponible sur le blog :

- Des oiseaux, petits et gros


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