En route pour la gloire / Bound for
Glory réalisé en 1976 par
Hal Ashby, est un biopic retraçant
le début de ''carrière'' de
Woody Guthrie (1912-1967), chanteur
songwriters et guitariste folk américain. Celui qui, début 40's,
labellisera sa guitare « This Machine Kills Fascists ».
J'ai tout simplement adoré ce biopic
(adaptation de son autobiographie) qui est beaucoup plus que cela.
Avec En route pour la gloire nous
sommes en plein dans Les Raisins de la colère du
géant Steinbeck, En un combat douteux du
grand Faulkner... Durant 147mn.
nous sommes complètement immergés, plongés, dans les photos de
Dorothea Lange et de Walker Evans. C'est avant tout un bout de
l'Histoire des États-Unis que nous raconte ce film. Mais pas de
manière didactique ou verbeuse. Non, ce sont essentiellement les
images, les décors, qui parlent, qui transmettent et exposent cette
Histoire. C'est la Grande Dépression, le Dust Bowl, les Okies et les
Arkies, la route 66, la migration, les déportés, les camps de
cueillettes de fruits, les débuts du syndicalisme et leur
organisation, leur développement, les luttes sociales, les milices privés
des entreprises ferroviaires et fruitières, la complaisance
policière...
C'est le rêve, l'espoir californien,
« Tout ce dont un homme a besoin est là-bas en
Californie », qui se transforme en exploitation de la main
d’œuvre pour les familles miséreuses. C'est également
l'histoire d'une partie de la terre américaine,
de son sol, de sa poussière, sa sécheresse, de ses
paysages du Sud, secs, arides, terreux... Mais également de l'Ouest, terre de
contraste généreuse.
En route pour la gloire
choisi comme point de départ Pampa au Texas. C'est ici que Woody
Guthrie est installé avec sa compagne et ses enfants. Une terre
devenue économiquement pauvre. Peintre, un peu guérisseur (le
pouvoir des mots) toujours une guitare en main, il quittera cet
endroit, direction la Californie. Voyageant en stop, à pied, et
clandestinement dans les trains de marchandises aux côtés des
hobos, ce que lui même est. Voyage pouvant vous coûter la vie. De
cette côte Ouest, il découvrira l'exploitation des pauvres, et au
gré des rencontres sa ''carrière'' musicale protestataire débutera. Homme de convictions, il déclinera les offres le
muselant ou en faisant un pur produit de spectacle, pour vagabonder
et jouer auprès des travailleurs, des miséreux, des exploités.
Allant d'usine en usine, de champs en champs, de rue en rue et de
route en route. Le métrage se conclura avec son départ pour New
York.
Alors
je ne suis assez spécialiste de la vie de Woody Guthrie pour juger
de la véracité des faits présents dans le film, à savoir si ce dernier est fidèle ou non en tant que biopic, mais franchement peu
importe car comme expliqué précédemment, En route pour
la gloire est bien plus qu'un métrage sur cette figure populaire des U.S. Figure qui inspira, entre
autres, des artistes comme Dylan et Joan Baez.
Woody
Guthrie est joué par un David Carradine absolument génial
dans ce rôle. Dégageant bonhomie et toujours à l'aise avec un
instrument en mains ou en bouche. Ce niveau de crédibilité permet
une totale immersion. Absolument rien à reprocher sur
l'interprétation des acteurs, où l'on retrouve également un Ronny
Cox parfait dans son jeu et sa crédibilité musicale. La
reconstitution de cette période, via les décors, est juste
incroyable. Ah oui, je vais radoter mais j'étais complètement perdu dans
les photos de Dorothea Lange
et de Walker Evans, dans les images me venant en tête en
lisant le chef-d’œuvre de Steinbeck (certains plans sont
à tomber par terre)... Bref, j'étais aux anges. Le seul petit
élément que je pourrais reprocher au film est son abus de fondu utilisé comme effet de transition entre les scènes.
A travers En route pour la gloire / Bound for Glory, Hal Ashby nous
propose un véritable portrait, d'une superbe qualité, d'une
période des États-Unis, qui va donc beaucoup plus loin qu'un simple
biopic. Pour info, en 1977 il reçut l'Oscar de la meilleure
photographie (normal !) et celui de la meilleure bande originale
(normal !). Bon après on s'en fout un peu hein, mais c'était juste pour le signaler.
« Je déteste une chanson qui
vous dit qu'on ne vaut rien. Je déteste une chanson qui vous dit
qu'on est né perdant. Destiné à perdre. Bon à rien pour
personne. Bon à rien, pour rien. Parce qu'on est trop vieux, ou trop
jeune, ou trop gros, ou trop mince, ou trop laid, ou trop ceci ou
trop cela. Les chansons qui vous dénigrent ou se moquent de vous
parce qu'on a eu de la malchance ou qu'on a voyagé à la dure. Je
suis là pour me battre contre ce genre de chansons jusqu'à mon
souffle et ma dernière goutte de sang. Je suis là pour chanter des
chansons qui prouverons que c'est votre monde même s'il vous a
frappé durement et démoli une douzaine de fois. Peu importe la
dureté avec laquelle il vous a frappé et écrasé, peu importe
votre couleur, votre taille, votre allure, je suis là pour chanter
des chansons qui vous rendrons fiers de vous !'' »
- Georgie -
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